PORT-AU-PRINCE – Le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh) juge irresponsable la déclaration du titulaire du Ministère de la justice et de la sécurité publique (Mjsp), Lucmane Délille, ordonnant aux habitantes et habitants du Village de Dieu (dans la périphérie sud de la capitale, Port-au-Prince) de vider les lieux dans les 72 heures (à compter du vendredi 24 avril 2020), afin d’éviter qu’ils soient victimes lors de prochaines opérations policières.

Passé ce délai (lundi 27 avril 2020), « nous ne serons pas responsables de ce qui pourrait leur arriver éventuellement », a lâché Lucmane Délille, en conférence de presse, le vendredi 24 avril 2020.

« Les habitantes et habitants, au Village de Dieu, n’accepteraient jamais de vivre dans une telle situation, en côtoyant des gangs. C’est une déclaration irresponsable, d’extrême droite, qui ne respecte pas le droit à la vie, à la sécurité, à la santé », fustige Pierre Espérance, directeur exécutif du Rnddh, dans un entretien à l’ageence en ligne AlterPresse.

Dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, l’État a encouragé les gens à rester chez eux, alors que, maintenant, il les demande de sortir dans les rues, de se rendre chez d’autres personnes, fait remarquer le Rnddh.

L’organisme de droits humains souligne une violation du droit au logement des citoyennes et citoyens, de la part des autorités, qui devraient les protéger.

Le Rnddh déplore une mauvaise gestion gouvernementale du problème d’insécurité, sur le territoire national, en Haïti.

Ce laxisme explique « l’arrogance » des gangs armés, ces derniers temps.

« Les autorités n’investissent pas dans la police nationale. Elles l’affaiblissent et sont de connivence avec des bandits ».

« Si des policiers nationaux acceptent l’ordre, manifestement illégal, de s’associer avec le bandit Jimmy Chérizier (dit Barbecue), pour massacrer la population, pour le compte du pouvoir, ce sont eux, qui seront poursuivis », met en garde le Rnddh.

Parallèlement, le Réseau national de défense des droits humains tient à féliciter la Police nationale d’Haïti (Pnh) pour les dispositifs de sécurité, placés au Bicentenaire, pour limiter les déplacements des bandits armés.

Ces dispositifs auraient contribué à faire baisser le phénomène d’enlèvement et de séquestration de personnes (le kidnapping), depuis le mois de mars 2020, à Village de Dieu, où la plupart des personnes enelvées sont généralement séquestrées.

Plusieurs organismes nationaux et internationaux de droits humains ont aussi exprimé leurs inquiétudes, après l’ultimatum, du 24 avril 2020, du Ministère de la justice aux habitantes et habitants de Village de Dieu.

Source/AlterPresse
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