PORT-AU-PRINCE – Les actes de kidnapping ont augmenté de 300% pour le mois d’avril où 91 cas d’enlèvement ont été enregistrés contre 27 cas en mars dernier, selon un rapport de la cellule observation de la criminalité du Centre d’analyse et de recherche en droits humain (CARDH). Des sources proches de la Commission nationale de désarmement, démantèlement et réinsertion (CNDDR) ont confié au Nouvelliste que les gangs de Grand-Ravine et de Village-de-Dieu, deux des trois principaux groupes armés impliqués dans le kidnapping, ont observé une pause.

« Après beaucoup de négociations, les groupes armés de Grand-Ravine et de Village-de-Dieu acceptent d’observer une pause. Ils ont donné la garantie qu’ils ne procéderaient à aucun acte de kidnapping dans cette période », a révélé vendredi au Nouvelliste une source proche de la CNDDR.

Interrogé pour savoir combien de temps va durer cette pause, notre contact à la CNDDR soupire et affirme que la Commission n’est pas en mesure de répondre à cette question. « Les groupes armés de Grand-Ravine et de Village-de-Dieu ont observé cette pause depuis plus d’une semaine. Mais avant, ils ont libéré les gens qu’ils avaient enlevés. La plupart ont été libérés sans verser de rançon… », a indiqué notre source à la CNDDR.

Cette pause, selon notre contact, peut s’étendre sur deux mois environ. « Pendant ce temps, les autorités doivent prendre les dispositions appropriées… », a confié notre source à la CNDDR.

Le plan d’action de la CNDDR va être approuvé

Selon notre contact à la CNDDR, le plan d’action de la Commission ignoré depuis deux mois, va être enfin approuvé par le gouvernement avant la fin de ce mois de mai. Pour lui, c’est une bonne chose. « Il y aura alors une meilleure coordination entre le gouvernement, des acteurs de la communauté internationale et la CNDDR », a-t-il ajouté.

« Ce plan d’action va permettre à la CNDDR d’avoir les moyens nécessaires pour appliquer le volet réinsertion qui vise à mettre en confiance les groupes armés afin d’arriver au désarmement. Vous ne pouvez pas désarmer quelqu’un sans rien lui donner en retour », a avancé ce membre de la CNDDR sous couvert de l’anonymat.

Notre contact n’était pas en mesure de préciser le budget du plan d’action de la CNDDR. « Cependant, je sais qu’à travers ce plan, les institutions étatiques travailleront avec les ONG internationales pour réaliser dans les zones contrôlées par des groupes armés des projets sociaux », a fait savoir notre source.

Elle a précisé que la CNDDR n’aurait pas à réaliser les projets sociaux dans les quartiers, mais qu’elle permettrait aux instances étatiques d’avoir accès à ces zones.

Notre contact a révélé au journal qu’il a été décidé au niveau du gouvernement que désormais seule la CNDDR aura à prendre contact avec les groupes armés.

La CNDDR rejette les critiques de Jovenel Moïse

« Gen anpil nan kidnapin yo se kidnapin politik yo ye. Kidnapin yo, 80% nan yo se politik », avait déclaré Jovenel Moïse samedi dernier. Il avait dénoncé le silence de la Commission nationale de désarmement, démantèlement et de réinsertion sur le sujet. « CNDDR ki la a, si yo pa di nou sa, se nan ipokrizi yo ye…», avait jugé le président.

Interrogé sur ces critiques du président Jovenel Moïse laissant croire que la CNDDR connait les gens impliqués dans les actes de kidnapping mais refuse de rendre cette information publique, notre contact au sein de la Commission dit rejeter ces critiques. Selon lui, la DCPJ et le ministre de la Justice disposent de toutes les informations sur les gens impliqués dans le kidnapping.

« La CNDDR a communiqué aux autorités les noms des 11 personnes impliquées dans la vente des armes et des munitions dans le pays. Nous leur avons fourni des preuves solides. Pourquoi les autorités ne les ont jamais arrêtées ? », se demande, perplexe, notre contact à la Commission.

« Lors d’un CSPN spécial, la CNDDR avait demandé au gouvernement d’interdire l’importation des munitions jusqu’à nouvel ordre. Il ne l’a jamais fait », a dénoncé notre source.

Source/Le Nouvelliste
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