Alors qu’Haïti continue de souffrir de la « triple tragédie » des catastrophes naturelles, de la violence des gangs et de la pandémie de Covid-19, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) s’est déclaré jeudi préoccupé par le fait que les deux tiers des migrants haïtiens expulsés de la frontière des États-Unis ces derniers jours sont des femmes et des enfants – y compris des nouveau-nés ayant des « besoins spécifiques et immédiats ».
« Lorsque les enfants et les familles sont renvoyés sans protection adéquate, ils se retrouvent encore plus vulnérables à la violence, à la pauvreté et aux déplacements – des facteurs qui les ont poussés à migrer en premier lieu », a déclaré la Directrice exécutive de l’UNICEF, Henrietta Fore.
Haïti est le pays le plus pauvre de l’hémisphère occidental et est depuis longtemps en proie à la pauvreté, aux troubles civils et à l’instabilité politique et économique.
Le mois dernier, un tremblement de terre de magnitude 7,2 a secoué le pays, bouleversant des vies, détruisant des marchés, des routes et des systèmes d’irrigation. Et quelques jours seulement après l’événement sismique, la tempête tropicale Grace a intensifié les souffrances avec des dégâts supplémentaires.
A la recherche d’une vie meilleure
Voulant s’assurer une vie meilleure, des milliers d’Haïtiens – dont beaucoup vivent en dehors de leur pays d’origine depuis des années – ont fui au Mexique dans l’espoir d’entrer aux États-Unis.
Ils ont été confrontés à une démonstration de force de la part des agents chargés de la sécurité aux frontières dans l’Etat du Texas, aux Etats-Unis, avec des scènes diffusées dans le monde entier d’officiers à cheval rassemblant violemment des migrants.
Jeudi matin, l’envoyé spécial américain pour Haïti, a démissionné pour protester contre l’expulsion de migrants haïtiens par avion de la zone frontalière, un processus qui a commencé le week-end dernier, après que plus de 13.000 migrants ont installé leur campement sous un pont.
L’UNICEF a exhorté les autorités à « s’abstenir de tout recours à la force aux frontières, à maintenir les familles ensemble et à évaluer correctement les besoins de protection des migrants avant toute décision de retour ».
« Les enfants ne devraient jamais être renvoyés dans des situations où leur sécurité et leur bien-être de base sont menacés », a déclaré l’agence onusienne.
Les évaluations initiales au Mexique et en Haïti suggèrent que de nombreux enfants de moins de 10 ans sont soit nés hors d’Haïti, soit ont vécu la majeure partie de leur vie dans un autre pays.
S’agissant des migrants haïtiens dans la ville frontalière de Del Rio, au sud-ouest du Texas, l’UNICEF estime qu’environ 40% sont des enfants qui « vivent dans des conditions inadéquates et ont besoin d’une aide humanitaire ».
Des reportages ont indiqué que plus de 1.400 Haïtiens ont été renvoyés de la région depuis le début des déportations.
Assistance de l’UNICEF au Mexique et en Haïti
Pendant ce temps, l’UNICEF continue de travailler pour que les enfants et les familles reçoivent une assistance de base, notamment à Ciudad Acuna, au Mexique, où il aidera les services de protection de l’enfance et fournira de l’eau potable, des kits d’hygiène, des toilettes mobiles et des stations de lavage des mains.
En Haïti, l’agence se coordonne avec les autorités nationales et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) pour fournir aux enfants rapatriés un soutien psychosocial, des services de protection et des fournitures scolaires.
Mais davantage de soutien est nécessaire pour fournir à ces familles l’aide vitale dont elles ont besoin.
« L’intérêt supérieur des enfants doit primer sur toute autre considération », a souligné la cheffe de l’UNICEF.
Source/ONU Info
Photo/ONU Info
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