SANTO DOMINGO, RD – Le Ministère haïtien à la condition féminine et aux droits des femmes (Mcfdf) condamne les conditions infra humaines de déportations de plusieurs femmes haïtiennes enceintes, « traquées comme des bêtes sauvages en République Dominicaine », dans une note de protestation transmise à l’agence en ligne AlterPresse.
A travers cette chasse impitoyable, « le gouvernement dominicain viole les droits les plus fondamentaux de nos compatriotes », dénonce le Mcfdf.
Après leur arrestation en salles de soins dans des hôpitaux dominicains, 45 femmes, dont 28 enceintes de plusieurs mois, ont été rapatriées, le jeudi 10 novembre 2021, à Belladère/Plateau central (sur la frontière commune avec Comendador/Elias Piña), par la migration dominicaine, relève la plateforme Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr), qui a accueilli beaucoup d’entre elles.
Parallèlement, 83 migrants haïtiens, dont 55 femmes et 28 hommes, ont été rapatriés le mercredi 10 novembre 2021, par les autorités dominicaines, au niveau de la frontière de Belladère.
Au cours du mois d’octobre 2021, les autorités dominicaines ont rapatrié plus de 6,031 sans-papiers haïtiens au Nord-Est de la frontière haïtiano-dominicaine, avait indiqué, pour sa part, le Service Jésuite aux migrants (Sjm).
Le Mcfdf qualifie d’inhumain le comportement des autorités dominicaines, qui ont investi de force les hôpitaux pour déporter, vers Haïti, « les femmes, qui viennent tout juste d’accoucher, et garder leurs bébés dans des couveuses en République Dominicaine ».
« Les autorités dominicaine doivent prendre toutes les mesures nécessaires, pour protéger leur pays. À cet égard, ils peuvent arrêter ou déporter toutes personnes ne remplissant pas les conditions pour séjourner en terre voisine, selon les prescrits de la loi dominicaine. Mais, cela doit se faire dans le strict respect des normes diplomatiques et le respect des droits humains, qui sont inaliénables ! », souligne le Mcfdf.
Le Ministère haïtien à la condition féminine et aux droits des femmes appelle les autorités dominicaines « à se détourner de ces pratiques arbitraires et archaïques, qui souillent la diplomatie voisine et enveniment davantage les relations entre les deux pays de l’île ».
Cette vague de déportation massive de ressortissantes et ressortissants haïtiens fait suite aux récents débats diplomatiques, entre le titulaire haïtien de facto au Ministère des affaires étrangères (Mae), Dr. Claude Joseph, et le président dominicain Luis Abinader Corona, relève le Mcfdf.
Sur son compte Twitter, Claude Joseph, avait tenu à rappeler au président dominicain la mise en garde du département d’État américain contre la montée de la criminalité en territoire voisin d’Haïti.
Luis Abinader avait demandé à la communauté internationale, en particulier les États-Unis d’Amérique, le Canada, la France et l’Union européenne, d’agir en urgence en Haïti, face au climat d’e criminalité qui sévit dans le pays.
En réponse au tweet de Claude Joseph, les autorités de la République Dominicaine ont pris la décision de suspendre indéfiniment le renouvellement des visas pour les étudiantes et étudiants haïtiens.
Le statut des étudiantes et étudiants déjà bénéficiaires ne va pas changer. Cependant, le renouvellement automatique des visas de ces étudiantes et étudiants sera suspendu pour des vérifications, afin de protéger le territoire dominicain contre les gangs armés d’Haïti, avait tenté de justifier Luis Abinader.
Pour calmer cette tension, le gouvernement haïtien a dépêché l’ambassadeur Daniel Supplice comme envoyé spécial en République Dominicaine.
Du lundi 8 au samedi 13 novembre 2021, Daniel Supplice s’est entretenu avec de plus hautes autorités dominicaines, dont Luis Abinader, le ministre dominicain des affaires étrangères, Roberto Alvarez, le ministre de l’intérieur et de la police dominicaine, Jesús Vasquez, et le président du Sénat dominicain, Eduardo Estrella, indique un communiqué de l’ambassade d’Haïti à Santo Domingo, rapporte le journal dominicain Listin Diario.
L’envoyé spécial haïtien a également rencontré de hauts responsables du système des Nations unies en République Dominicaine, des personnalités du secteur privé, des représentantes et représentants d’associations d’étudiantes et d’étudiants haïtiens, ainsi que des dirigeantes et dirigeants communautaires de la diaspora haïtienne de Santiago de Los Caballeros et de Santo Domingo, selon l’ambassade d’ Haïti en République Dominicaine.
Lors de ces rencontres, Daniel Supplice aurait plaidé en faveur d’une « plus grande harmonie et d’un véritable agenda de coopération dans les relations haïtiano-dominicaines ».
Source/AlterPresse
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