NEW YORK, NY – Jeudi 16 juin dans l’après-midi devant le Conseil de Sécurité de l’ONU plusieurs Représentants de pays sont intervenus sur la situation en Haïti, dont Mme Nathalie Broadhurst, Représentante permanente adjointe de la France auprès des Nations Unies.
Intervention de Mme Nathalie Broadhurst :
« […]
Madame la Présidente,
Il y a urgence en Haïti. Les autorités haïtiennes doivent réagir et la communauté internationale se mobiliser davantage. Je reviendrai pour ma part sur plusieurs aspects.
Premièrement, il n’y a pas d’alternative au dialogue pour sortir de l’impasse politique actuelle, c’est la seule voie. Les contacts directs établis entre le Premier Ministre et l’opposition sont un développement positif à cet égard. Tous les acteurs politiques doivent s’investir pour bâtir le consensus nécessaire à l’organisation d’élections lorsque les conditions, notamment de sécurité, seront réunies. Afin de réussir, il importe de nommer les membres d’un Comité Électoral Provisoire acceptable pour tous.
Deuxièmement, il faut à tout prix mettre un terme à la violence des gangs. Nous étions réunis il y a moins d’un mois dans cette salle pour faire ce constat. Ces groupes criminels ont multiplié cette année les homicides et les enlèvements, et ce en toute impunité. Ils sapent l’autorité de l’État et pillent ses ressources. Or sans la sécurité, il ne peut y avoir ni Etat de droit, ni développement. Face à cette situation, la priorité va au renforcement de la Police nationale d’Haïti. Nous saluons à cet égard la proposition d’augmenter le plafond de conseillers police du BINUH. La constitution du fonds de financement multi-donateurs est également un développement très positif. La France a intensifié pour sa part sa coopération sécuritaire et elle continuera de le faire.
Troisièmement, il faut renouer avec un fonctionnement normal des institutions. Les prisons, cela a été mentionné, sont surchargées et délabrées, sans eau ni services de base. Le système judiciaire haïtien, faute de ressource, est également déliquescent, incapable de mener à bien l’enquête sur l’assassinat du Président Jovenel Moïse en particulier. Or l’impunité, tout comme la corruption généralisée, sapent la confiance dans l’État et détruisent le lien social. Le lancement d’une coopération entre Haïti et l’ONUDC (Office des Nations unies contre les drogues et le crime) est un développement positif que nous saluons.
Enfin, et c’est mon dernier point, la situation économique et humanitaire en Haïti est alarmante et se dégrade rapidement. Près de la moitié de la population haïtienne a besoin d’une aide humanitaire cette année, cela l’a été rappelé à plusieurs reprises. Il y a donc urgence à renforcer le soutien humanitaire et en particulier l’aide alimentaire. Face à cette situation, il est indispensable que l’Etat haïtien travaille à renforcer la gouvernance, la redevabilité de ses institutions, ce notamment dans la lutte contre la corruption.
Madame la Présidente,
Avant de conclure, je souhaiterais revenir sur le travail remarquable et essentiel que mènent les Nations unies en Haïti. Comme le souligne le rapport du Secrétaire général, le maintien d’une présence robuste des Nations unies en Haïti est indispensable, notamment sur le plan politique et sur le plan sécuritaire. Nous souhaitons que le BINUH soit renouvelé pour 12 mois avec un mandat robuste, doté des ressources supplémentaires qui sont éventuellement nécessaires afin de mener à bien sa mission difficile.
La France se tient aux côtés d’Haïti, que des liens anciens et une langue commune, unissent à la France. Et je voudrais à cet égard saluer également le travail politique et de terrain que mène l’Organisation internationale de la Francophonie. La France est déterminée à accompagner les Haïtiens vers la sortie de crise dont le pays a si cruellement besoin.
Je vous remercie. »
Source/Haïti Libre
Photo/Archives
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