SAO PAOLO, Brésil – Le Brésil était en deuil vendredi de son Roi Pelé, légende du football, dont la mort la veille à Sao Paulo à l’âge de 82 ans a provoqué un afflux d’hommages du monde entier avant ses obsèques mardi dans la ville de Santos.

Malgré le choc de sa disparition pour beaucoup de Brésiliens, le centre de Sao Paulo était calme vendredi matin, de nombreux Paulistes ayant quitté la plus grande métropole du pays pour les fêtes du réveillon.

À 80 km de là, les alentours du stade du Santos FC, club où l’éternel numéro 10 a brillé de 1956 à 1974, étaient eux aussi encore peu fréquentés avant les hommages prévus lundi et mardi, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Près du stade Vila Belmiro, où sera exposé le cercueil de Pelé lundi pour une veillée funèbre de 24 heures, Caroline Fornari, une femme au foyer, rend hommage à celui qui a fait « la fierté » des Brésiliens.

« Depuis que je suis toute petite, j’ai entendu mon père, qui avait son âge parler de lui », dit-elle, « c’est très triste ».

Pelé, seul joueur de l’histoire à avoir remporté trois éditions de la Coupe du monde (1958, 1962, 1970), luttait depuis plus d’un an contre un cancer du côlon. Il avait été hospitalisé fin novembre en plein Mondial au Qatar, qu’il avait tout de même pu en partie suivre.

« Nous t’aimons à l’infini, repose en paix » : c’est par ces mots, publiés sur Instagram, que l’une de ses filles, Kely Nascimento, a annoncé la mort du Brésilien, entouré de plusieurs membres de sa famille à l’hôpital Albert Einstein.

Quelques heures plus tard, un décret de la présidence annonçait un deuil national de trois jours, « une marque de respect » après le décès d’Edson Arantes do Nascimento, dit Pelé.

L’enterrement de Pelé se déroulera mardi dans l’intimité familiale, après un cortège suivant le cercueil dans les rues de Santos, qui a décrété un deuil de sept jours.

À Rio de Janeiro, le Christ Rédempteur du Corcovado, monument emblématique qui domine la baie, a été illuminé jeudi soir, tout comme le mythique stade Maracana, après l’annonce de la disparition de la légende du ballon rond.

« Roi immortel »
« Deuil » pour le « roi immortel du football », a titré le quotidien brésilien O Globo sur son site, avec des images du joueur sous le maillot national, notamment celle, iconique, où tout sourire, il lève le bras droit, porté par son coéquipier Jairzinho vu de dos avec son numéro 7.

Le monde du foot a unanimement salué Pelé sur les réseaux sociaux. « Il a fait du football un art », a écrit Neymar, son lointain successeur sous le N.10 de l’équipe brésilienne et qui a égalé au Qatar son record national de 77 buts pour la « Seleçao ».

Hommages également des superstars actuelles Lionel Messi et Kylian Mbappé : « Repose en paix, Pelé », a souhaité l’Argentin, tandis que le Français relevait que « l’héritage » de celui qui a notamment révolutionné le foot avec son emblématique « jogo bonito » (beau jeu) ne serait « jamais oublié ».

Le monde politique a fait chorus, ou équipe, jusqu’au sommet de l’État. Au Brésil, bien sûr : « Jamais il n’y a eu un numéro 10 comme lui », a réagi le président désigné Luiz Inacio Lula da Silva, qui sera investi dimanche.

Ailleurs, l’Américain Joe Biden a salué « l’ascension de Pelé des débuts modestes à la légende du football », le Français Emmanuel Macron a tweeté : « Le Jeu. Le Roi. L’Éternité ».

Pelé, élu athlète du siècle par le Comité international olympique en 1999, a été un sportif hors du commun. Il y a son record de buts – 1281 en 1363 matchs sous les maillots de Santos, de la Seleçao et du Cosmos de New York (1975-77), record homologué par la Fédération internationale (FIFA).

Vendeur de cacahuètes
Né le 23 octobre 1940 dans une famille pauvre à Tres Coraçoes, petite ville du Minas Gerais (sud-est) entourée de plantations de café, le petit Edson doit vendre des cacahuètes dans la rue pour aider ses parents.

Mais à 17 ans, il éblouit la Coupe du monde 1958 en Suède de ses buts et de sa classe. En larmes, il est porté en triomphe par ses coéquipiers. Il est à nouveau titré en 1962, même si son tournoi est abrégé par une blessure – une autre écourte aussi sa participation à l’édition 1966. Le Mondial-1970, le premier retransmis en couleur à la télévision, marque son apothéose.

Sa notoriété le poussera aussi vers d’autres terrains – le cinéma, la chanson et même la politique – parallèlement à une trajectoire personnelle mouvementée – trois mariages, sept enfants et une vie de telenovela.

Source/La Presse
Photo/Archives
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