WASHINGTON – Contre l’opposition frontale des républicains, le président américain a promis jeudi soir une régularisation provisoire à cinq millions de clandestins.

Il avait promis de prendre l’initiative face à l’inaction du Congrès. Barack Obama a promis jeudi soir une régularisation provisoire à quelque cinq millions de clandestins, sur un total de 11 millions vivant aux États-Unis sous la menace d’une expulsion. “Une amnistie de masse serait injuste. Des expulsions de masse seraient à la fois impossibles et contraires à notre caractère”, a expliqué le président américain, promettant un système “plus juste et plus équitable”.

Vent debout contre des décisions présidentielles qu’ils jugent anticonstitutionnelles, ses adversaires républicains ont immédiatement promis de les combattre, au Congrès ou en justice. “Ce n’est pas comme cela que notre démocratie fonctionne”, a tonné John Boehner, président de la Chambre des représentants.

Les principales mesures. A partir du printemps prochain, tout clandestin vivant depuis plus de cinq ans aux Etats-Unis, et ayant un enfant américain ou titulaire d’un statut de résident permanent, pourra demander un permis de travail de trois ans. “Ce n’est ni une garantie de citoyenneté, ni un droit à rester ici de manière permanente”, a cependant nuancé Barack Obama.

L’exécutif américain a par ailleurs annoncé un assouplissement des conditions d’accès au programme Daca (“Deferred Action for Childhood Arrival”), lancé en 2012, qui offre des permis de séjour aux mineurs arrivés sur le territoire américain avant l’âge de 16 ans. Quelque 600.000 personnes en ont déjà bénéficié à ce jour.

“Un pas dans la bonne direction”. Depuis les régularisations massives de 1986, sous Ronald Reagan, toutes les tentatives de réforme du système d’immigration ont échoué. “Merci au président d’avoir, face à l’inaction, choisi l’action sur l’immigration”, a réagi sur Twitter Hillary Clinton, qui pourrait bientôt se lancer dans la course à la Maison Blanche.

L’association DREAM Action Coalition a elle salué “un pas dans la bonne direction”, tout en appelant à faire plus. “Quel sera l’avenir des millions d’immigrants sans papiers qui ne remplissent pas les critères?”, a-t-elle demandé.

Opposition frontale des républicains. Si d’autres responsables politiques ont loué cette décision, la tempête politique que cette annonce a déclenchée augure mal des relations entre le Congrès et la Maison Blanche dans les mois à venir. La donne politique vient en effet de changer à Washington, après la large victoire des républicains lors des législatives de mi-mandat du 4 novembre.

Désormais majoritaires à la Chambre des représentants comme au Sénat, les républicains ne peuvent bloquer un décret présidentiel, mais ils disposent de nombreuses armes pour rendre les deux dernières années d’Obama à la Maison Blanche difficiles. Certains élus, tel le sénateur texan Ted Cruz, farouche opposant de Barack Obama et candidat possible à sa succession, plaident ainsi pour une trêve des confirmations d’ambassadeurs, juges et responsables de l’administration nommés par le président, freinant ainsi le travail de l’exécutif. Mais ce proche du Tea Party est loin de faire l’unanimité.

Et à l’approche des primaires pour la présidentielle de 2016, le débat s’annonce animé au sein d’un parti qui aimerait séduire une partie de l’électorat hispanique, qui a voté à plus de 70% pour Barack Obama. “Nous sommes et serons toujours une nation d’immigrants”, a conclu Barack Obama.

Source/Europe1

Photo/JIM BOURG/AFP

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