26 mai – 14 juin : dans exactement 19 jours, débutera le Mondial 2018 en Russie. Jusqu’au coup d’envoi, FF vous livre, par ordre alphabétique, sa liste des 100 joueurs qui ont marqué l’histoire de la Coupe du monde. Quatre-vingt deuxième épisode avec Emmanuel Sanon.
Si l’équipe haïtienne n’a pas fait de vieux os en 1974 lors de la Coupe du monde organisée en Allemagne, elle a su éveiller la sympathie du public germanique pour sa première participation à un grand tournoi internationale. Malheureux au tirage au sort, puisque placés dans le groupe de la mort en compagnie de l’Italie, l’Argentine et la Pologne, les Grenadiers vont subir trois défaites, dont une cinglante contre les Polonais lors du deuxième match (7-0), mais offrent du spectacle face à la Nazionale et l’Albiceleste, deux ogres du football mondial. Emmanuel Sanon, l’attaquant de la «Perle des Antilles», va symboliser cette folie haïtienne en inscrivant son nom dans les livres d’histoires du football.
Il marque les deux buts de son équipe dans cette compétition, dont un mémorable face aux doubles champions du monde italiens – victoire 3-1 des coéquipiers de Giacinto Facchetti – lors du match inaugural du groupe D, mettant fin à une série de 19 matches officiels durant lesquels le légendaire portier de la Juventus, Dino Zoff, n’avait encaissé le moindre but. Le n°20 haïtien remet ça huit jours plus tard aux Ciel et Blanc, et même s’il ne peut empêchait la défaite (4-1) et l’élimination prévisible des siens au premier tour, Emmanuel Sanon fut accueilli en héros à son retour au pays. Elevé au grade de commandeur par le président René Préval en 2007, il meurt un an plus tard des suites d’une longue maladie et eu droit à des funérailles nationales. Il est le second sportif haïtien à recevoir un tel honneur après Sylvio Cator, athlète spécialiste du saut en longueur.
Le moment marquant
Son but inscrit face au grand Dino Zoff est resté dans les mémoires. Après avoir résisté en première mi-temps face aux attaques du vice-champion du monde en titre, les Grenadiers, contre toute attente, vont ouvrir le score dès la reprise par son attaquant vedette. Bien lancé en profondeur par son coéquipier Philippe Vorbe, il prend de vitesse le défenseur Bianconero Luciano Spinosi, puis élimine d’un sublime crochet Dino Zoff, avant de pousser la balle dans le but vide. Une joie immense et indescriptible pour Emmanuel Sanon et tout un pays, malgré la défaite (3-1) qui s’en ait suivi.
Le chiffre : 2
Emmanuel Sanon a inscrit les deux buts de son équipe lors du Mondial allemand, en 1974, et par conséquent, les deux buts de l’histoire d’Haïti en Coupe du monde.
L’archive de FF
Quelques années après la Coupe du monde 1974, FF revenait sur le destin incroyable du buteur haïtien : «Haïti est arrivé au sommet avec un enthousiasme qui force le respect. Avant le début de sa grande aventure un nom parmi tant d’autres : Emmanuel Sanon. Il a fait partie de la «pouponnière» soigneusement couvée par le Père Jacques Djebbels. Il gravit donc tous les échelons de la quatrième à la première catégorie dans les rangs du «Don Bosco». Mais c’est le Lycée de Pétionville qui le révéla cependant au grand public en championnat interscolaire et qui le conduit en équipe nationale juniors qui brille aux Bermudes. La véritable consécration, il devait la connaître en 1971, lorsque Pétionville remporta la Coupe Pradel, le trophée le plus convoité d’Haïti. Sanon était devenu un leader d’attaque incomparable et un terrible buteur. Il est l’attaquant le plus doué, le plus racé de toute l’histoire du football haïtien. Ses buts sont souvent extraordinaires ou inattendus.
En force ou en finesse, du gauche ou de la tête, sous tous les angles. Il parvient assez facilement à semer son garde du corps par sa vitesse de démarrage et ses changements d’appui. Sa lucidité et sa présence devant le but faisant le reste, il n’est pas étonnant que ce Haïtien-là soit entré dans l’histoire. Il aura fallu pour cela un exploit de haute volée de la part de l’avant-centre de l’équipe des Caraïbes, échappant à Burgnich et Spinosi, cet athlète de 23 ans s’en alla dribbler Zoff, comme si de rien n’était. L’Italie étaient menée 1-0 par Haïti, la foudre tombait sur Munich, et Sanon venait de mettre fin à 1142 minutes d’invincibilité, record mythique. Par la suite, la Squadra rétablit bien sûr sa suprématie, non sans mal (3-1). Mais Sanon, auteur également de l’autre but de son équipe face à l’Argentine d’un tir canon, avait gagné son pari personnel et le droit de signer un contrat professionnel au Beerschot d’Anvers».
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Source/France Football
Photo/Archives
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