Le refus de l’aile radicale de l’opposition de négocier une solution à crise dite ”préélectorale” risque de réveiller les anciens démons des rapports dans la lutte acharnée pour le pouvoir politique en Haïti.
Les multiples contestations de groupuscules Lavalas qui attaquent incessamment la légitimité du président Martelly risquent de faire sortir Haïti de l’ordre constitutionnel. Si Lavalas revendique le pouvoir et croit pouvoir faire main basse sur le pouvoir d’Etat en dehors du processus électoral, d’autres groupes dotés d’une capacité de nuisance et d’une force de frappe redoutable risquent d’intervenir et de renverser la donne.

Ce vendredi 5 décembre 2014, M. Guy Philippe avait organisé une manifestation dans la Grande-Anse. Le leader du FRN (Front pour la Reconstruction Nationale) était à la tête de plusieurs milliers de manifestants dénonçant la gouvernance au niveau de sa région et apportant un soutien inébranlable au Président de la République Michel J. Martelly.

Dans une déclaration sur Radio Vision2000, des manifestants du FRN (Front pour la Reconstruction Nationale) ont demandé à l’opposition radicale de cesser son mouvement réclamant la démission du Chef de l’Etat.
Le “Commandant Guy Philippe”, ancien Commissaire de police qui a joué un rôle décisif dans la neutralisation des gangs armés du parti Lavalas en 2004, est très respecté par une grande majorité de policiers, de militaires haïtiens, et de militants politiques qui avaient combattu le pouvoir dictatorial de Jean-Bertrand Aristide en 2003. Ses précieux services peuvent encore s’avérer nécessaires.

De plus, il y a environ 2 semaines, le Sénateur Youri Latortue, le leader du Parti Ayiti An Aksyon (AAA), lui aussi, ancien militaire ayant contribué à la neutralisation du leader Lavalas en 2003, avait organisé une manifestation aux Gonaïves, dans la région Nord du pays. Les manifestants dirigés par M. Latortue, actuellement, Conseiller du Président Martelly, réclamaient le vote de la loi électorale et l’organisation des élections.
L’une des grandes réalisations du Premier Laurent Lamothe a été la récupération des locaux occupés par des militaires démobilisés conformément aux exigences de la communauté internationale. Des anciens soldats de l’armée démobilisée par Lavalas, des membres du FRN, ont été expulsés par la Police Nationale d’Haïti, certains maitrisés, alors que d’autres ont fait face à la justice.

Si le refus de l’ancien Président Jean-Bertrand Aristide de répondre aux convocations des juges d’instruction dans le cadre de plusieurs affaires de corruption, d’assassinats et de crimes politiques, représente un coup dur pour l’Etat de droit ; l’insistance de l’opposition radicale à pousser le chef de l’Etat à la démission crée une ambiance de rapport de forces qui rappelle « les bons vieux temps ». Ce qui peut faire basculer l’ordre constitutionnel et dérailler le processus démocratique. Cherchant obstinément à renverser Martelly, l’opposition qui, en 2004, accusait M. Aristide de corruption, aujourd’hui, qualifie l’enquête des juges de persécution politique. L’ordre institutionnel est ainsi minimisé.

Le Premier Ministre Laurent Lamothe semble avoir commis l’erreur d’appliquer les recommandations de la communauté internationale. Cette dernière exigeait une solution institutionnelle au problème des militaires démobilisés. Dans la foulée, le gouvernement Martelly-Lamothe s’était engagé à combattre les contrebandiers, les trafiquants de drogue, les kidnappeurs et les corrompus en vue de créer un environnement propice aux investissements et de faire augmenter la contribution de l’Etat haïtien dans le budget national.

1

Dans cette lutte constante entre des groupes politiques qui rejettent tout effort de compromis, l’heure des jeux souterrains est arrivée. La diplomatie officielle est sur le point de céder à la diplomatie souterraine des organisations clandestines. Les agitations du #MOPOD, de #LAVALAS et du #RDNP ne serviront qu’à renforcer l’incertitude autour d’Haïti et l’ingérence de l’international dans les affaires internes d’Haïti. On connait la suite historique : Occupation musclée d’Haïti par des troupes américaines qui n’utilisent que le langage de la force militaire. En plus du centenaire de l’occupation américaine de 1915, 2015 risque de voir un renforcement de l’occupation. Mais détrompez-vous, ce ne sera pas le retour du règne d’Aristide et de ses chimères.

Source/Cyrus Sibert

Photo/Archives

www.anmwe.com