PORT-AU-PRINCE – La légitimité du futur président haïtien, dont le premier tour de l’élection est prévu dans deux semaines, semble déjà menacée par une campagne électorale terne et un risque d’abstention massive.
Loin d’être un signe de bonne santé démocratique, l’abondance record de candidats pour diriger le pays le plus pauvre des Amériques révèle la fragilité du tissu politique haïtien.
«Les partis politiques n’existent qu’au moment des élections et les candidats ne font pas leur travail de mobiliser les électeurs», déplore un diplomate étranger.
54 prétendants
Parmi les 54 prétendants à la succession de Michel Martelly, certains sont totalement inconnus du grand public. Une dizaine de candidats se détachent, mais sans susciter un engouement manifeste de la population.
«Dans l’ambiance actuelle, on ne voit pas la chaleur, l’enthousiasme de la population à discuter des élections», constate Marie-Yolène Gilles, du réseau national de défense des droits humains. «Nous sommes en démocratie, c’est ce que l’on dit toujours, et les élections sont un passage obligé pour renouveler le personnel politique du pays, mais on ne voit pas la détermination des électeurs».
Médias et associations de professionnels s’efforcent d’organiser des débats pour informer les habitants des enjeux, mais ces rendez-vous sont boudés par les principaux candidats.
10 millions
Dans ce pays de 10 millions d’habitants, la campagne électorale tend à n’être qu’un concours de popularité. Les candidats qui ont réussi à collecter l’argent nécessaire pour sillonner la province conduisent des défilés proches du carnaval pour se présenter devant les électeurs.
Les affiches des prétendants à la présidence inondent les murs des villes, mais les professions de foi manquent à l’appel et les rares programmes disponibles sont très peu détaillés, notamment en terme de budget.
Frantz Duval, rédacteur en chef d’un des deux quotidiens d’Haïti, dénonce vertement le manque de réalisme qui prévaut dans les discours de campagne. «Si vous prêtez attention deux minutes aux propos de la majorité des candidats à la présidence, vous pouvez être convaincus qu’ils nous viennent de la planète Mars», dénonce l’éditorialiste.
«Comment comprendre que des candidats à la présidence d’Haïti accouchent des énormités si surprenantes sur les capacités de notre pays à financer les projets mirobolants qu’ils disent détenir dans leurs cartables?», se demande le journaliste.
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Source/Agence France Presse
Photo/Archives
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