PORT-AU-PRINCE – Le Premier ministre et chef du Conseil supérieur de la police nationale (CSPN), Joseph Jouthe, interrogé par Le Nouvelliste, jeudi 25 juin, sur les rapports des organisations de défense des droits humains, la FJKL et le RNDDH ,révélant que des blindés ont appuyé des bandits armés au moment des assassinats et incendies à Pont-Rouge et à Cité Soleil, a estimé que ce serait très grave même si cela doit être prouvé.
« Ce serait très grave mais cela reste à prouver (… ) Je cherche des preuves pour savoir si des policiers ont utilisé des blindés pour protéger des bandits », a-t-il indiqué. « Quel que soit le cas de figure, nous le déplorons », a poursuivi le Premier ministre Joseph Jouthe.
« Nous sommes contents de la publication de ces rapports et cherchons des informations », a ajouté Joseph Jouthe, soulignant prendre au « sérieux » les rapports de ces organisations de défense des droits humains. «Nous les prenons au sérieux et ferons tout ce que nous devons faire dans les limites de la loi », a-t-il assuré.
Le chef du gouvernement a assuré que les noms de toutes les personnes – policier ou non-citées dans ces rapports intéressent les autorités. « Nous poursuivrons les bandits de tous les camps », a assuré le chef du CSPN.
« Au cours du mois de mai 2020, Pont-Rouge, Chancerelles, La Saline, Tokyo ainsi que Fort-Dimanche ont été le théâtre d’événements sanglants dont le bilan humain et matériel est très lourd : trente-quatre personnes ont été tuées, parmi elles trois mineurs et six femmes. Huit autres personnes ont été blessées, dont deux mineurs, une fillette de trois ans. Quatre-vingt-dix-huit maisons ont été vandalisées et/ou incendiées, a indiqué le RNDDH, qui a évoqué l’utilisation de 5 blindés pour permettre aux bandits de se rendre dans les zones attaquées », a fait savoir le RNDDH.
Le RNDDH, a indiqué, dans son rapport, que « le déroulement de ces raids donne froid dans le dos : des véhicules roulants de l’institution policière, dont au moins cinq blindés, ont été utilisés pour permettre aux bandits armés de se rendre dans les zones qui devaient être attaquées, des tubes et bonbonnes de gaz lacrymogène ont été lancés en vue de porter la population à s’enfuir et, dans une violence inouïe, des hommes, des femmes de tout âge ont été systématiquement pris pour cibles ».
« Le 26 mai 2020, la coalition préparait une intervention contre Ti Gabriel, intervention qui n’a pas eu lieu. La coalition bénéficiait encore de l’appui de l’unité des blindés de la PNH, selon les riverains », a écrit dans son rapport la FJKL.
La présidente de la Fusion, Edmonde Supplice Beauzile, a estimé que les faits rapportés par ces organisations de défense des droits de l’homme sont graves. Cela s’inscrit dans une dynamique de terreur politique pour empêcher les autres à faire campagne, a-t-elle poursuivi, soulignant que cela illustre aussi l’impossibilité d’aller aux élections avec Jovenel Moïse au pouvoir.
Pour le sénateur de l’Ouest Patrice Dumont, les gangs sont protégés. « Si les gangs n’étaient pas liés au pouvoir et/ou à des milieux présentés comme politiques, il y a bien longtemps que la société en serait déjà délivrée », a-t-il indiqué. En ce qui a trait aux rapports de ces organisations, le sénateur Dumont a estimé que « le prestige et la crédibilité de la PNH sont sérieusement écornés depuis ces quatre dernières années ».
Le ministre de la Justice, sur un autre tempo, dément et tacle
Le ministre de la Justice, Me Lucmane Délile, en conférence de presse, en réaction aux rapports de la FJKL et du RNDDH, a démenti tout lien entre les gangs et le pouvoir. Je ne serais plus ministre s’il y avait une alliance entre le gouvernement et les gangs. Je n’ai rien à voir ni de près, ni de loin, ni de très loin avec les gangs. En tant qu’avocat je n’ai jamais défendu un bandit. Aucun bandit ne peut se targuer d’avoir été mon client. Je n’ai aucun contact téléphonique avec ces gens, a-t-il précisé, soulignant que ces organisations de défense des droits humains mentent, font des amalgames.
« Ces organisations font de l’amalgame. Elles font des diversions et profèrent des mensonges. Elles savent pertinemment que le gouvernement ne supporte pas les bandits. C’est faux, ce sont eux qui le font et accusent les autres. Elles ne nous supportent jamais quand nous traquons les bandits. Elles s’opposent à toute intervention et annoncent que les forces de sécurité vont orchestrer des massacres, a-t-il expliqué, assimilant les rapports des organisations de défense des droits humains à une attaque contre l’Etat.
Ces organisations parlent de ramifications de l’État avec des gangs. Ce sont ces mêmes organisations qui défendent ces bandits quand nous sommes déterminés à les traquer, a reproché le ministre de la Justice, Lucmane Délile.
«Je veux que la population soit témoin des amalgames et matraquages médiatiques orchestrés par ces organisations contre le gouvernement», a-t-il dit.
Source/Le Nouvelliste
Photo/Archives
www.anmwe.com