PORT-AU-PRINCE – Le nouveau gouvernement haïtien, dont la composition a été rendue publique mercredi soir, a pour lourde mission d’apaiser le climat socio-économique, toujours tendu après les trois jours d’émeutes qui, en juillet, avaient poussé le premier ministre à la démission.

Le 6 juillet, la tentative gouvernementale d’augmenter les prix des carburants de 38 à 51% avait immédiatement entraîné une vague de révolte à travers tout le pays. La violence a été la plus vive dans Port-au-Prince, proie d’incendies volontaires et de pillages pendant tout un week-end. Au moins quatre personnes ont été tuées.
Le gouvernement était revenu sur sa décision moins de 24 heures après son annonce, mais, choqués par l’absence de réponse politique aux violences, plusieurs secteurs de la société haïtienne avaient exigé la démission du premier ministre Jack Guy Lafontant.

Médecin de carrière et ami du président Jovenel Moïse, M. Lafontant n’a annoncé sa démission qu’une semaine après ces émeutes et le chef de l’État n’a nommé son successeur, Jean-Henry Céant, que le 5 août, un délai qui a contribué à maintenir un climat d’incertitude et d’angoisse à travers le pays.

Notaire de profession, Jean Henry Céant, 61 ans, avait fini cinquième à l’élection présidentielle de 2016 en obtenant 0,75% des suffrages. Au scrutin de 2010, il avait obtenu un peu plus de 8% des voix, se classant au quatrième rang.

Signe de désaccords profonds entre les pouvoirs exécutif et législatif, il aura donc fallu un mois pour qu’un consensus soit trouvé sur la composition du premier gouvernement Céant.

La liste de 18 ministres officialisée tard mercredi soir par le secrétaire général du conseil des ministres, ne constitue pas une rupture franche avec le précédent cabinet, car six ministres ont simplement été reconduits dans leurs fonctions.

En poste depuis l’arrivée au pouvoir de M. Moïse en 2017, les ministres de l’éducation, de la santé et des travaux publics conservent leurs portefeuilles, tout comme les ministres de la justice, de l’intérieur et de l’agriculture, eux nommés en avril 2018.

La vague de violences de juillet avait constitué un électrochoc, révélant l’étendue de la frustration et de la colère de la majorité très pauvre qui peine à survivre face à une inflation dépassant les 13%.

Le lent processus de changement de gouvernement n’a en rien apaisé les tensions d’autant qu’une campagne citoyenne contre la corruption, née sur les réseaux sociaux, gagne maintenant les rues des principales villes du pays.

La tâche qui incombe à cette nouvelle équipe gouvernementale est donc immense, mais, avant qu’elle ne prenne fonction, le premier ministre doit faire valider sa politique générale par le parlement.

Jean-Henry Céant et l’ensemble de ses ministres ont à se présenter devant le Sénat et la chambre des députés, lesquels partent en vacances lundi pour ne reprendre session qu’en janvier.

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Source/TVA Nouvelles
Photo/TVA Nouvelles
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