PORT-AU-PRINCE – Il n’y a aucun avenir pour les jeunes en Haïti, affirme catégoriquement le sociologue Auguste D’Meza, dans son jardin qu’il quitte rarement depuis qu’il a été battu, en 2015, pour avoir critiqué l’ancien président Michel Martelly à la radio. Cette situation fait, selon lui, le bonheur du gouvernement, puisque ces jeunes exilés sont une importante source de financement pour le pays.

« Vous êtes le président d’Haïti, vous dites quoi aux jeunes? Vous dites : partez et allez travailler et envoyez de l’argent, pour que vos familles vivent. Le fait que ces familles reçoivent 100 $ ou 200 $, eh bien, il y a moins de misère », lance M. D’Meza.

De fait, en 2013, les fonds provenant de la diaspora haïtienne représentaient 21 % du PIB du pays, selon une étude de la Banque mondiale datée de 2015.

M. D’Meza accuse même le gouvernement de faciliter l’exil en ayant assoupli les règles pour obtenir un passeport. Selon lui, l’afflux de migrants à Montréal en ce moment est la conséquence de cette décision.

Depuis le début de l’année, 44 000 Haïtiens ont aussi pris la direction du Chili en raison des conditions économiques précaires du pays.

Cri du cœur des travailleurs

En Haïti, le salaire minimum est de 6,95 $ par jour. Les travailleurs manifestent depuis des mois pour le faire grimper.

On le constate dans le parc industriel de Port-au-Prince. Sous un soleil de plomb, des centaines de travailleurs mangent en vitesse le riz et le maïs qu’ils viennent d’acheter à la cantine. Puis, un murmure se répand dans la foule. Une manifestation spontanée s’organise. Les employés du secteur du textile réclament une augmentation du salaire minimum.

« Il nous faut le salaire minimum à 800 gourdes [16 $] par jour, soutient Dominique St-Eloi, de la Centrale nationale des syndicats ouvriers d’Haiti. On exploite les travailleurs. Ce sont des patronats qui s’arrangent avec l’État pour exploiter ces gens-là. »

Les employés haïtiens du secteur de la sous-traitance dénoncent l’inaction du gouvernement, qui avait promis d’accompagner la hausse du salaire minimum de mesures sociales comme de l’aide financière pour payer pour le transport des employés.

« Je gagne le salaire minimum de 350 gourdes par jour, dit Chale Mamoun en créole. Mais je m’endette sans cesse. »

Alors que la majorité des Haïtiens ont moins de 25 ans, des millions d’entre eux vivent dans la précarité.

Les perspectives ne sont guère meilleures pour ceux qui possèdent un diplôme d’études. Edeline St-Fleur a obtenu son diplôme universitaire en administration en 2013, mais, malgré des dizaines de tentatives, elle n’a jamais pu trouver du travail. Elle est maintenant de retour aux études en communications.

Elle passe ses journées à préparer les repas familiaux et à aider sa sœur de 19 ans dans ses études.

« Le plus difficile est de rester à la maison pendant que je sais que mes parents ont fait les efforts pour m’aider à terminer mes études, à obtenir mon diplôme, affirme-t-elle. C’est triste. »

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Source/Radio-Canada
Photo/Radio-Canada
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Auguste D'Meza