Bocchit Edmond

WASHINGTON DC – Le 10 janvier 2019, deux événements importants vont marquer, dans un sens ou dans l’autre, l’amitié entre Haïti et le Venezuela. D’abord, il y aura une séance extraordinaire du Conseil permanent de l’OEA sur la situation qui prévaut en la République bolivarienne au cours de laquelle les membres de l’organisation vont statuer sur les agissements de Nicolas Maduro. Ensuite, le président du Venezuela prêtera serment dans la même journée pour un second mandat.

Aucune décision n’a été encore prise quant à la présence des autorités haïtiennes à l’investiture de Nicolas Maduro pour un second mandat le 10 janvier prochain au Venezuela alors que nous sommes à moins de deux jours de l’événement. « Jusqu’à présent, nous avons la possibilité, mais cette décision revient au président de la République. J’attend des nouvelles instructions, mais des dispositions ont été prises », a confié lundi au Nouvelliste Bocchit Edmond, ministre haïtien des Affaires étrangères.

Les autorités haïtiennes ne peuvent pas se rendre au Venezuela cette semaine pour participer à l’investiture de Nicolas Maduro, elles se feront représenter par leur ambassadeur au Venezuela, Lesly David, « qui peut représenter Haïti dignement, puisqu’il est le représentant direct du chef de l’État », a avancé M. Edmond. Toutefois, le chancelier a précisé qu’il serait à Washington mardi et mercredi. Cependant, si le président lui donne des instructions en ce sens, il se rendra à Caracas.

Bocchit Edmond, joint par téléphone lundi par Le Nouvelliste, a souligné qu’à cause de la fête de l’indépendance d’Haïti le 1er janvier dernier, les autorités haïtiennes n’ont pas pu se rendre au Brésil pour participer à l’investiture de Jair Bolsonaro. Le président Jovenel Moïse s’était fait représenter par Duly Brutus, un ancien ministre des Affaires étrangères et le chargé de mission d’Haïti au Brésil.

Par ailleurs, dans une correspondance envoyée à Carlos Alberto Játiva Naranjo, président du Conseil permanent de l’OEA, nous lisons : « Les missions permanentes de l’Argentine, du Brésil, du Canada, du Chili, de la Colombie, des États-Unis, du Guatemala, du Paraguay et du Pérou présentent leurs compliments à la présidence du Conseil permanent de l’Organisation des États américains (OEA) et lui demandent de bien vouloir convoquer une séance extraordinaire du Conseil permanent pour le 10 janvier 2019, à 11 heures, afin d’examiner la situation en République bolivarienne du Venezuela.

Au cours de cette séance à l’extraordinaire, les pays membres de l’OEA, dont Haiti, devront se positionner sur la situation au Venezuela et le comportement à adopter face aux agissements de Nicolas Maduro.

« Haïti aura un comportement d’amitié par rapport au Venezuela. Certes, il peut y avoir des problèmes avec d’autres pays, mais nous autres nous estimons qu’il s’agit d’un problème interne au Venezuela et nous ne décidons pas d’interférer », a affirmé le ministre haïtien des Affaires étrangères. Toutefois, Bocchit Edmond a fait savoir qu’Haïti attend la séance pour savoir quelle attitude adopter. « Je peux dire qu’Haïti n’est pas disposée à abandonner un ami comme le Venezuela du jour au lendemain », a soutenu le ministre.

Tout en soulignant que la décision finale d’Haïti par rapport au Venezuela revient au chef de l’État, le ministre des Affaires étrangères a indiqué qu’il est encore trop tôt pour dire dans quel sens Haïti va se positionner. « Il n’est que d’attendre pour savoir quelle attitude à adopter. Il est encore tôt pour prendre une décision », a-t-il ajouté.

Bocchit Edmond a fait savoir au journal que le représentant permanent a.i. d’Haïti à l’OEA, l’ambassadeur Léon Charles, a déjà reçu les instructions pour prendre part à cette séance extraordinaire de l’OEA à Washington le 10 janvier prochain sur la situation du Venezuela.

Des informations laissent croire que des autorités américaines exercent déjà des pressions sur les autorités haïtiennes pour les forcer à se positionner contre le gouvernement de Maduro. Interrogé à ce niveau, le ministre Bocchit Edmond a préféré parler de conversations entre Haïti et des partenaires internationaux sur des points de convergence et de divergence sans citer les États-Unis en particulier.

Il faut rappeler que, le 28 mars 2017, lors d’une rencontre de l’Organisation des États américains, Haïti avait déjà apporté son soutien inconditionnel au peuple vénézuélien, dénonçant le rapport du secrétaire général de l’OEA qui appelait à la suspension de la République bolivarienne de l’organisation et à des élections anticipées au Venezuela.

Avec le programme PetroCaribe, le Venezuela est le plus grand créancier d’Haïti.

Source/Le Nouvelliste
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