PORT-AU-PRINCE – Alors que de plus en plus de voix s’élèvent dans la société pour dénoncer l’avant-projet de constitution de l’administration Moïse et son référendum annoncé pour le 27 juin prochain, le président du Comité consultatif indépendant (CCI), l’ancien président Boniface Alexandre, est sorti de son silence pour faire part de sa déception. Si le CCI, qui travaille sur le document, ne fait pas trop attention aux critiques, l’ancien président de la Cour de cassation a remarqué « les attitudes paradoxales des femmes haïtiennes et de la jeunesse » qui, selon l’ancien président Boniface Alexandre, rejettent les avantages insérés pour eux dans la nouvelle constitution.

[Les femmes et les jeunes sont deux catégories majoritaires dans les statistiques de population en Haïti, faut-il le rappeler.]

L’avant-projet de la constitution contient trois parties essentielles, selon le président du Comité consultatif qui travaille sur la nouvelle constitution. Boniface Alexandre a cité « la diaspora, la femme haïtienne et la jeunesse. Ces trois points sont essentiels pour nous dans l’avant-projet de constitution », a indiqué M. Alexandre dans une conférence de presse cette semaine.

Selon l’ancien président de la Cour de cassation, quand la diaspora prend connaissance de l’avant-projet de constitution, elle s’en réjouit. « La diaspora nous remercie parce qu’on accepte qu’elle soit considérée comme haïtienne à part entière. Elle a le droit de vote et peut être candidate à n’importe quel poste. Elle peut faire beaucoup de choses. Toute la diaspora nous en a remercié », se félicite Boniface Alexandre.

« Cependant, ce qui est paradoxal, en Haïti pour les femmes haïtiennes, malgré Me Mona Jean, membre du Comité, a plaidé la cause des femmes haïtiennes, en demandant un quota de 50% pour les femmes lors des prochaines élections, ces dernières ne sont pas trop satisfaites. Il parait qu’elles sont contre ce plaidoyer », se plaint Me Boniface Alexandre.

« Se pou yo nou fè l, yo menm yo pa wè l konsa. Nou pa twò konn pouki », s’étonne-t-il avec beaucoup de peine.

Selon le président du Comité consultatif sur l’avant-projet de la constitution, comme les femmes, la jeunesse haïtienne rejette le document. « Nous estimons quand un enfant reste à l’école pendant 25 ans et en sort avec un métier, il devient une charge pour ses parents. Nous nous sommes dit qu’on doit faire quelque chose pour la jeunesse haïtienne. Nous avons fixé à 25 l’âge limite pour être élu à n’importe quel poste électif, sauf pour le président de la République », a souligné Me Alexandre, pensant que les jeunes exulteraient en apprenant cette disposition dans la nouvelle constitution.

Grande est la déception de l’ancien président provisoire. « Nou te kwè li t ap kontan, nou te kwè li t ap voye remèsye komite a. Mais c’est le contraire qu’on a enregistré. On ne le comprend pas. Si w kont sa nou ekri yo, ebyen ou te pito eta ou ye a. Pouki nou pa gonfle ponyèt nou pou nou pran tout pòs yo, gen menm plis pase 500 depite. Le comité a donné un pouvoir à la jeunesse, mais elle ne comprend pas, donc on ne peut plus rien faire pour elle », fustige Boniface Alexandre face au mépris des jeunes pour la nouvelle constitution.

L’ancien président provisoire ajoute que l’avant-projet de constitution n’est pas un document fini et qu’il a été soumis à tous ceux qui ont des objections. « Vous êtes libres de nous envoyer vos objections à l’oral ou à l’écrit. Si les femmes haïtiennes estiment qu’on ne devait pas leur accorder un quota de 50%, qu’elles le disent clairement. Men yo pa bezwen rete ap kritike nou, yo pa bezwen ap di komite a pa gen konstitisyonalis ladann. C’est un non-sens… », fulmine Boniface Alexandre.

Le président du Comité consultatif confirme qu’au niveau du Comité ils ne comprennent pas les attitudes paradoxales des femmes et de la jeunesse haïtienne.

Par ailleurs, des proches du pouvoir comme Liné Balthazar, président du PHTK, le parti au pouvoir, ou encore l’ancien sénateur Gabriel Fortuné, conseiller du président de la République, dénoncent le référendum programmé pour le 27 juin prochain. Selon eux, l’avant-projet de constitution est suicidaire et liberticide. Leurs voix s’ajoutent à celles de beaucoup de membres de la société civile et aux critiques du BINUH.

Source/Le Nouvelliste
Photo/Archives
www.anmwe.com