PORT-AU-PRINCE – Midi s’apprête à sonner. Devant la barrière du lycée du Cent cinquantenaire, une école publique féminine communément appelée « lycée des jeunes filles », il s’avère quasiment impossible pour les passants de circuler librement. Comme des sardines, débrouillards tout comme des jeunes garçons en civile et en uniforme, obstruent l’entrée principale de l’école. Ils sont venus à la rencontre de leurs bien-aimées, constate un reporter de Haiti Press Network.
Ces jeunes hommes dont certains brandissent leur cigarette et refoulent vaguement la fumée dans l’air, viennent chercher leurs amantes et/ou leurs amoureuses. Plus de place vide devant la portière, certains, portant drôlement leur pantalon sous leurs fesses, se réfugient aux alentours de l’établissement. D’autres prennent position de l’autre côté de la rue.
Néanmoins, ils ont tous le même objectif : récupérer leur bien-aimée en fondamental et en secondaire. Destination : places publiques du Champ de Mars, quand ils ne se dirigent pas dans d’autres lieux de débauche et de dérives liées à la dépravation de certaines mœurs qui rongent la société haïtienne de nos jours.
Parfois, se croisent deux amants d’une seule fille. Ce qui ne manque pas de provoquer des scènes de dispute en pleine rue. Des disputes frôlant même de façon occasionnelle la bagarre entre jeunes gens. Rencontres amoureuses avant, pendant et après les heures de classe. Conduites indésirables. Des attitudes de jeunesse qui s’agitent à la grande discrétion des parents qui, pour la plupart, sont aussi démissionnaires.
Par curiosité professionnelle, nous avions tenté en vain de faire réagir quelques-unes de ces élèves bien accompagnées. Finalement, un couple vague et sans complexe a accepté de répondre à notre interrogation dans une ambiance décramponnée et sans quiproquos.
« C’est ma copine. On s’aime depuis déjà quelques mois. J’aime bien être en sa compagnie. Je ne peux toujours pas l’attendre dans l’après-midi. C’est pourquoi je suis venu à sa rencontre à l’école », nous siffle un jeune homme drôlement coiffé et portant à son oreille gauche, un bouc. Et la fille du secondaire, sans gêne aucune, rétorque ainsi avec un grand sourire sur les lèvres: « c’est mon mari. Je l’aime et je l’admire.»
Il faut avouer que cette scène vécue, le mardi 8 novembre, n’est pas un phénomène qui date d’hier ni observé pour la première fois devant quelques écoles de la capitale à l’approche des heures de relâchement. Mais ce jour-là, le flux de jeunes garçons, pour la plupart, indécemment vêtus remarqués devant la barrière comme dans les parages du lycée des jeunes filles, ne pouvait ne pas attirer l’attention.
Si généralement, ce sont des parents qui font la queue devant des établissements scolaires à pareille heure, dans le but de récupérer leur progéniture, devant les portails d’autres écoles, ce sont bizarrement des jeunes garçons qui se pointent en quête de leurs amantes et/ou de leurs séductrices.
Généralement, apprend-on, ce sont des rendez-vous classés d’avance. Une sorte de collusions entre amants et amantes dans l’intervalle compris entre l’après-classe et le retour à la maison. Des relations qui se terminent malheureusement parfois pour la plupart avec une grossesse prématurée et irresponsable qui brise très souvent l’avenir d’écoliers et d’écolières.
Opinant autour de ce constat, certains adultes comparent la jeunesse haïtienne, particulièrement celle d’aujourd’hui à un navire perdu sur une mer profonde et agitée. Un navire sans boussole, sans moyens de communication avec le monde sur terre. Il est perdu sans espoir de secours. Il vogue. Il se balance et prêt à faire naufrage.
D’où lui vient le secours ? Telle est l’interrogation qui reste encore sans réponse, en dépit des efforts de plus d’un visant à contrer des dérives liées à la dépravation de certaines mœurs sociales, comme l’initiative de la Police nationale d’Haïti (PNH) qui avait créé en 2011, une « Brigade des mœurs » en vue de combattre les infractions portant atteintes aux mœurs.
Une mesure, rappelons-le, qui avait été prise par les autorités policières suite à des opérations qui ont été menées dans certains clubs de la capitale qui organisaient des activités attirant des écoliers et des écolières, pour la plupart mineurs, parfois aux heures de classe.
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Source/Haiti Press Network
Photo/Archives
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