CAP-HAITIEN – Le président de la République s’est entretenu avec ses sympathisants au Cap-Haïtien ce samedi. Au cours de son intervention, retransmise sur la Télévision nationale, il a profité pour annoncer que le haut état-major de l’armée d’Haïti défilera le 18 novembre prochain. Cette date rappelle la bataille de vertières il y a plus de 200 ans. «En 1994, les obscurantistes ont dissout l’armée qui est la plus grande institution du pays. Pour avoir l’indépendance, nous avons combattu le Blanc avec l’armée. Comme je l’avais promis au cours de la campagne électorale, le 17 novembre, je vais publier un arrêté sur le haut état-major. Il va défiler le 18 novembre sur le boulevard», a-t-il promis.

Comme c’est devenu une rengaine, le locataire du Palais national a vanté les vertus de sa nouvelle armée. «L’armée d’Haïti est une nécessité. Ce sera une armée professionnelle. Les jeunes vont pouvoir piloter des hélicoptères, piloter et réparer des avions. Ce ne sera pas une armée répressive. Elle sera là pour intervenir lors des catastrophes naturelles», explique-t-il, se vantant de remobiliser l’armée seulement quelques mois après son ascension à la présidence.

Quelques mois auparavant, le ministère de la Défense avait lancé un processus de recrutement de soldats pour cette nouvelle armée. Cette décision avait provoqué une levée de boucliers au Parlement où l’idée de former une armée sans état-major a été perçue comme une fuite en avant. Depuis, sans état-major, le processus de formation des nouveaux soldats n’a pas avancé.

En octobre dernier, le ministre de la Défense, Hervé Denis, avait fait savoir au journal qu’il espérait qu’avant le 18 novembre le haut état-major serait connu. Hervé Denis avait souligné que ce n’est pas facile de former le haut état-major puisque la plupart des cadres de l’ancienne armée ont beaucoup vieilli. Le ministre avait indiqué que cette structure de commandement leur permettrait d’avancer avec le processus de recrutement.

Toutefois, la remobilisation de l’armée d’Haïti ne rentre pas dans l’agenda de la communauté internationale. Lors de la journée des Nations unies, le 24 octobre dernier, le chef par interim de la Minujusth, Mamadou Diallo, l’avait fait savoir. Il avait souligné qu’il n’a pas reçu de mandat du Conseil de sécurité de l’ONU pour établir une « quelconque relation avec l’armée haïtienne». Mamadou Diallo ne laissait pas de place à la confusion. « Nous restons donc dans le mandat d’accompagnement de la Police nationale, de renforcement du système judiciaire », avait confié le diplomate, pour signifier qu’il n’a nulle autre intention que de suivre à la lettre son mandat initial de six mois (la durée de la Minujusth est de deux ans).

Durant son intervention, M. Diallo avait insisté sur les objectifs de la Minujusth. «La Minujusth va poursuivre le renforcement des institutions de droit que sont la Police nationale, les cours et tribunaux, l’administration pénitentiaire elle renforcera aussi la capacité des organisations de promotion et de protection des droits humains.»

Ce n’est pas la réticence de la communauté internationale qui portera Jovenel Moïse à renoncer à son projet. Son armée sera déployée samedi prochain. Avec des chars rutilants ? Des lance-roquettes? Des hélicoptères et des avions? Les curieux vont devoir ronger leurs freins pendant une semaine.

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Source/Le Nouvelliste
Photo/Archives
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Fad'h