CAP-HAÏTIEN – Dans les quartiers frappés par l’explosion, rescapés et parents de victimes critiquent la gestion faite par les autorités étatiques. Pas d’accompagnement financier ; aucune prise en charge psychologique. Les funérailles nationales des victimes de l’explosion du 14 décembre dernier au Cap-Haïtien ont été chantées, ce mardi 21 décembre 2021, en la basilique Notre-Dame de la deuxième ville du pays, sur fond de protestations et de critiques.
Quelques autorités locales, dont le délégué départemental Pierrot Augustin Degaul, et les agents exécutifs intérimaires Patrick Almonor et Eusaï Lefranc, ont pris part aux obsèques célébrées sur fond d’indignation et de colère.
Le ministre de l’Intérieur et des Collectivités territoriales, Liszt Quitel, représentait le gouvernement à la cérémonie funèbre. La grande majorité des parents des victimes ont boudé la cérémonie funèbre critiquant la gestion faite par les responsables de ce dossier.
En présence de quelques parents, proches et amis des victimes, inconsolables durant la cérémonie, l’archevêque du Cap-Haïtien, monseigneur Launay Saturné, dans son homélie de circonstance, a déploré le drame ayant frappé la deuxième ville du pays causant la mort de 90 personnes, selon le décompte officiel.
Le prélat catholique a regretté la misère et la cherté de la vie dans le pays qui seraient la cause principale de ce cataclysme.
Il en a profité pour demander aux différentes instances concernées de prendre des dispositions pour qu’un tel drame ne se reproduise plus jamais dans le pays, critiquant dans la foulée la pénurie de carburant qui est en grande partie responsable du drame du 14 décembre dernier.
Quatre dépouilles des victimes ont été exposées lors de ces funérailles nationales, contrairement aux 25 préalablement annoncées par la municipalité capoise.
Un des membres de la commission municipale a expliqué que le mauvais état des cadavres ne leur a pas permis de les exposer à la cathédrale.
« On a dû les transporter directement au cimetière. »
Des participants aux obsèques ont brièvement manifesté leur déception à l’issue de la cérémonie dénonçant le véhicule destiné au convoi funèbre.
« C’est une humiliation de traiter les victimes de cette manière », ont dénoncé les protestataires, qui ont saisi les cercueils pour les déposer devant les locaux de la délégation du Nord et à travers les rues.
« Ils ont profité de ce drame pour s’enrichir », scandaient les protestataires dénonçant les autorités locales.
Selon les informations, 9 500 000 gourdes provenant du fonds d’urgence départemental ont été décaissées pour l’organisation des funérailles.
Ce fonds a été géré par le ministère des Finances qui a contracté une entreprise funéraire pour ces funérailles.
« Le contrat a été conclu directement entre la maison funéraire et le Ministère des Finances sans l’intervention de la mairie. La mairie n’a rien reçu pour ces funérailles », explique Almonor.
Entre-temps, c’est la grogne dans les zones affectées.
En exemple, le couple Lucien Bélonne et Charles Guylaine, qui ont perdu sept enfants dans l’explosion du camion-citerne au Cap-Haïtien, ont boudé ces funérailles, préférant organiser leur propre cérémonie funèbre, après la récupération de deux des sept cadavres.
Source/Le Nouvelliste
Photo/Le Nouvelliste
www.anmwe.com