PORT-AU-PRINCE – Les centaines de manifestants, qui ont une nouvelle fois défilé dans les rues de la capitale dimanche pour dénoncer la corruption, réclament une enquête internationale pour faire la lumière sur la gestion des fonds Petrocaribe.

« Notre plus grand problème en Haïti, c’est l’injustice : le système judiciaire est aux mains d’une clique. Comment pourrait-on avoir confiance ? » questionne Emmanuel Junior Cassis, qui manifeste dimanche dans les rues de Port-au-Prince.

« Voyez, quand de mauvaises choses se passent en Afrique, là où la justice est faible, la cour pénale internationale est appelée en renfort : il faut que ça soit pareil pour nous ici, pour arrêter ceux qui dérobent l’argent du peuple », suggère-t-il.

Depuis 12 ans, Haïti bénéficie du programme Petrocaribe, initié par l’ancien président vénézuélien Hugo Chavez, qui permet à plusieurs pays d’Amérique latine et des Caraïbes d’acquérir des produits pétroliers à un coût avantageux et de payer leurs factures sur 25 ans à un taux d’intérêt de 1 %.

En 2016, puis en 2017, deux enquêtes du sénat haïtien sur le mauvais usage de près de 2 milliards de dollars de ce fonds avaient épinglé une douzaine d’anciens ministres du parti actuellement au pouvoir, mais jamais les rapports n’avaient été suivis de poursuites judiciaires.

« Notre système de justice est faible, donc il nous faut le soutien de la communauté internationale, aussi parce qu’il y a eu des firmes internationales qui ont pris de cet argent avec des contrats bidon », explique Jean François Felinor au milieu du cortège.

Une campagne citoyenne contre la corruption, lancée mi-juillet sur les réseaux sociaux, mobilise régulièrement les gens dans les rues des principales villes du pays. Plusieurs petites manifestations ont également été organisées par la diaspora haïtienne aux États-Unis.

Face à ce mouvement, le nouveau premier ministre haïtien a affirmé que son gouvernement aiderait à la lutte contre la corruption.

« Des réponses doivent être données sans délai aux accusations de corruption, qui entachent aussi bien les actions gouvernementales que celles de certains bénéficiaires de faveurs au détriment du bien commun », a déclaré Jean-Henry Céant le 17 septembre, dans son discours d’investiture.

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Source/La Presse
Photo/Archives
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