PORT-AU-PRINCE – Une commission du sénat haïtien accuse une quinzaine d’anciens ministres, en poste entre 2010 et 2016, d’avoir facilité «l’opérationnalisation de pratiques illicites, de collusion et de trafic d’influence», plus d’un an après un premier rapport sénatorial accablant.

«Il est apparu au fil de l’enquête que Petrocaribe a été l’objet d’une escroquerie à grande échelle», précise le rapport.
Publié vendredi soir, ce deuxième rapport d’enquête dévoile, sur plus de 650 pages, les détails des contrats financés par les fonds Petrocaribe sans respect des lois et procédures administratives.

Négligences à repetition

Haïti bénéficie depuis 12 ans du programme Petrocaribe, initié par l’ancien président vénézuélien Hugo Chavez, qui permet à plusieurs pays d’Amérique latine et des Caraïbes d’acquérir des produits pétroliers à un coût avantageux, et de payer leurs factures sur 25 ans à un taux d’intérêt de 1%.

«Dans presque tous les cas répertoriés, la négligence, l’incohérence et autres anomalies étaient à répétition. En pareil cas, il ne pouvait plus s’agir de simples erreurs matérielles mais plutôt d’actes susceptibles d’induire en erreur et de faciliter l’opérationnalisation de pratiques illicites, de collusion et de trafic d’influence» indique la commission sénatoriale dans ses conclusions.

Des projets sans liens aucun avec le séisme et pourtant contractés via la loi d’urgence décrétée après cette catastrophe naturelle de 2010, des millions de dollars versés en avenants à des compagnies qui n’ont réalisé aucun travaux : la commission sénatoriale dénonce «des actes tant à la fois irrationnels qu’illégaux».

Les sénateurs auteurs du rapport en appellent au pouvoir judiciaire pour lancer des enquêtes plus approfondies sur les responsabilités éventuelles de responsables publics et entrepreneurs privés dans ces détournements de fonds.

Une justice amorphe

Depuis 2008, Haïti a ainsi pu bénéficier de plus de 2 milliards de dollars de prêt, censés, selon les termes du programme, financer des projets économiques et sociaux. En août 2016, une première enquête sénatoriale avait conclu que la gestion de ces fonds dits Petrocaribe constituait «une vaste supercherie d’Etat», ce qui a poussé la chambre haute du parlement haïtien à poursuivre l’investigation.

Mais ce premier rapport parlementaire, qui épinglait déjà la quinzaine de ministres dont deux anciens premiers ministres, est resté lettre morte car aucune procédure n’a encore été initiée par la justice suite aux accusations.

CLIQUEZ ICI POUR EN SAVOIR PLUS

Source/24 Heures
Photo/Archives
www.anmwe.com

Evaliere-Beauplan