Selon un rapport des services de contrôle interne (BSCI) de l’ONU, les abus et l’exploitation sexuels lors des missions de maintien de la paix resteraient nettement sous-estimés et surtout sous-déclarés.

Un récent projet de rapport de l’ONU obtenu par Associated Press a de nouveau soulevé le problème des abus sexuels au sein des troupes de soldats du maintien de la paix. Inclue dans le rapport, une enquête menée il y a un an en Haïti, le pays le plus pauvre du continent américain, revient sur le témoignage de plus de 225 femmes qui ont affirmé avoir eu des relations sexuelles «transactionnelles» avec des «casques bleus».

Ces femmes, issues pour la plupart de milieux ruraux, ont expliqué avoir eu recours à ces relations par nécessité : la faim, le manque d’abris, de produits destinés aux enfants, de médicaments et d’articles ménagers ont été des facteurs déclencheurs, indique le rapport. Ainsi, en échange de relations sexuelles, elles auraient reçu des vêtements, des téléphones et des ordinateurs portables, du parfum et aussi, parfois, de l’argent.

Des faits trop peu déclarés, un fléau sous-estimé

Selon le rapport, on aurait affaire à une importante sous-déclaration et à une sous-estimation des cas. Sur toutes les femmes interrogées, seules sept connaissaient la politique des Nations-Unies interdisant l’exploitation et les abus sexuels. Aucune d’entre elles n’avait connaissance de la «hotline» qui permettait de signaler les abus à l’ONU. Elles retenaient seulement sur leurs badges les identités des soldats impliqués et menaçaient de révéler «l’infidélité» de ces derniers dans les cas où elles n’obtenaient pas la «récompense» promise de leur part. Le nombre de soldats de la Paix impliqués dans ce genre d’affaires est donc éphémère et peu d’entre eux peuvent être poursuivis.

Il y a 10 ans déjà, un premier rapport révolutionnaire expliquait qu’un tiers des cas d’allégations d’abus sexuels sur mineurs de moins de 18 ans était traité de manière insuffisante et évoquait une grave déficience de l’assistance aux victimes. Selon ce rapport, la BSCI privilégie en effet les affaires de viols et d’abus sur mineurs avérés et met en moyenne plus d’un an à traîter les autres cas.

Par ailleurs, l’ONU ne dispose pas d’une armée permanente et repose sur des troupes fournies par les Etats membres. Ce sont ces derniers qui sont chargés d’enquêter sur les mauvaises conduites de leurs troupes et l’ONU ne peut intervenir en l’absence d’action de leur part.

Le projet de rapport ne dit pas sur quelle période les cas de relations sexuelles «transactionelles» ont eu lieu en Haïti. En tout état de cause, la mission de maintien de la paix de 2004 sur l’île est l’une des quatre missions à avoir présenté le nombre le plus important d’allégations d’abus et d’exploitation sexuels au cours des dernières années, avec celles de la République démocratique du Congo, du Libéria et du Sud Soudan.

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