PORT-AU-PRINCE – Plusieurs organisations de défense des droits humains appellent la justice haïtienne à poursuivre les complices de la dictature duvaliériste, rappelant, dans un rapport publié mardi, que la mort de Jean-Claude Duvalier, en octobre 2014, ne signait pas la fin de la procédure.

Le rapport «En Haïti, on poursuit l’enquête, pas les criminels», édité par la Fédération internationale des droits humains (FIDH), rappelle l’urgence du dossier: seules 7 des 17 personnes visées par les plaintes sont aujourd’hui encore en vie.

Plus de trois décennies après la fin de la dictature, plusieurs victimes de torture et de détentions arbitraires, qui avaient en détail témoignées de ces crimes lors des audiences tenues à Port-au-Prince en 2012 et 2013, sont également décédées sans obtenir justice.

«Si l’intérêt médiatique du dossier judiciaire s’amenuisait légitimement avec le décès de l’ancien dictateur, l’instruction judiciaire (…) devait néanmoins se poursuivre pour éviter l’impunité générale du régime de Jean-Claude Duvalier» peut-on lire dans le document d’une soixantaine de pages.

Surnommé «Bébé Doc», Jean-Claude Duvalier avait hérité du pouvoir à 19 ans, à la mort de son père François Duvalier (1957-1971, dit «Papa Doc»).
Chassé du pouvoir en 1986, exilé en France pendant 25 ans, Jean-Claude Duvalier avait choisi le premier anniversaire du séisme meurtrier de janvier 2010 pour rentrer de façon inattendue en Haïti.

Depuis février 2014, un juge est chargé de compléter l’instruction, mais les représentants des parties civiles dénoncent l’opacité et la lenteur de la procédure causée par un cruel manque de moyens et également des pressions politiques.

«Le juge dispose d’une marge de manoeuvre très étroite en raison de la persistance, au sein des pouvoirs successifs haïtiens, de ce que l’on nomme les «duvaliéristes». Le nouveau gouvernement ne serait ainsi qu’une continuité du précédent de Michel Martelly, ancien président d’Haïti, qui ne cachait pas une certaine admiration pour l’ancien dictateur», affirme le rapport.

La poursuite des auteurs de crimes sous le régime duvaliériste permettrait, selon ces organisations, une prise de conscience au sein de la société haïtienne de l’importance de la lutte contre l’impunité.

Outre la dictature duvaliériste, différents régimes qui se sont succédé en Haïti ont commis des violations des droits humains, mais leurs auteurs n’ont pas encore eu à rendre des comptes devant la justice, conclut le rapport appelant les autorités à garantir les moyens et l’indépendance nécessaires au juge.

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Source/La Presse
Photo/Archives
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