PORT-AU-PRINCE – Jean Anthony Nazaire, ex-garde rapproché de l’ex-président Jean Bertrand Aristide, a été « inculpé pour blanchiment des avoirs » par le juge d’instruction Jean Wilner Morin. La Fondation Aristide, personne morale, et les nommés Toussaint Hilaire et Mirlande Libérus Pavert, responsables de cette fondation, sont quant à eux inculpés pour « complicité de blanchiment des avoirs », a appris le journal de source judiciaire, mercredi 29 août 2018.

Le juge d’instruction a interrogé Jean Anthony Nazaire sur des biens évalués à plusieurs dizaines de milliers de dollars américains. Il n’était pas en mesure de révéler la provenance de ces fonds. Jean Anthony Nazaire a dans son patrimoine un hôtel, un market, quatre grandes propriétés, dix véhicules et dix comptes en banque, a expliqué cette source judiciaire, soulignant que M. Jean Anthony Nazaire figurait parmi les proches collaborateurs de Jean Nesly Lucien [ex-directeur général de la police et de feu Oriel Jean (témoin à charge dans le dossier de l’assassinat de Jean Léopold Dominique], sanctionnés aux États-Unis pour blanchiment des avoirs liés au trafic de la drogue.

Jean Anthony Nazaire, qui achetait beaucoup de produits de la Fondation Aristide, s’est écarté de la mission définie dans son statut d’aider les pauvres. La fondation a utilisé « beaucoup d’argent de l’État », a expliqué notre source, qui croit savoir que le juge, pas à 100 %, a puisé des informations sur le mode opératoire de la Fondation Aristide pour la démocratie dans le rapport réalisé par l’ex-sénateur Paul Denis après la chute de Jean Bertrand Aristide en 2004. La loi de 2014 permet de traîner devant le tribunal la Fondation Aristide pour la démocratie, une personne morale. En cas de condamnation, elle risque d’être fermée et ses biens confisqués, a expliqué cette source.

Le juge d’instruction a inculpé Toussaint Hilaire et Mirlande Libérus Pavert. Mme Pavert, à l’extérieur du pays, a été « inculpée comme auteur intellectuel » de l’assassinat du journaliste Jean Léopold Dominique. Tous les inculpés sont actuellement en liberté. À la charge du commissaire du gouvernement de les mettre en état, à la disposition du tribunal pour être jugés, a expliqué notre source.

« Le dossier n’est pas encore sur mon bureau. Cependant, je peux vous assurer que mon travail consiste à respecter la loi. Si ces personnes sont inculpées par le juge d’instruction comme vous le dites, je les mettrai en accusation », a confié au journal le commissaire du gouvernement près le tribunal de première instance de Port-au-Prince, Ocnam Clamé Daméus. Le journal a contacté sans succès M. Toussaint Hilaire et deux membres du directoire du parti Fanmi Lavalas pour recueillir leurs versions des accusations. Le journal n’a pas encore contacté Mme Mirlande Libérus Pavert ni M. Jean Anthony Nazaire.

«Personne ne peut mettre en question l’intégrité du juge Morin. Il applique la loi et ne fait pas d’abus. Il décide selon les éléments du dossier», a indiqué le coordonnateur du RNDDH, Pierre Espérance. «C’est un bon signe dans la bataille contre la corruption, contre les crimes et délits financiers, contre l’impunité dans le pays», a-t-il souligné.

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Source/Le Nouvelliste
Photo/Archives
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