PORT-AU-PRINCE – Jhovany André et Ricardo Simonis, deux journalistes de la radio Mélodie FM ont été, dans le cadre de leur travail, violemment agressés et battus, le jeudi 1er décembre, dans l’aire du Champ de Mars par des individus, se réclamant de Fanmi Lavalas. Ces journalistes qui ont failli laissé leur peau, disent regretter le manque d’attention des secteurs de la vie nationale, y compris le comportement froid de leur patron, Marc Aurel Garcia, PDG de la station et actuel ministre de la Culture et de la Communication.

Joints au téléphone, dimanche 4 décembre, par HPN, Jhovany André et Ricardo Simonis ont indiqué avoir déposé, le vendredi 2 décembre, une plainte contre leurs agresseurs au Parquet de Port-au-Prince.

En attendant que suites légales seront accordées à leur démarche judiciaire, les victimes se plaignent d’un manque et/ou d’une absence de solidarité de la part de divers secteurs de la vie nationale, notamment du côté des organismes de défense des droits humains, du gouvernement et autres. Pire, déplore Jhovany, à côté du mépris du parti Fanmi Lavalas qui n’a même pas sorti une note à cette fin, leur patron et membre du gouvernement, Marc Aurel Garcia n’a jusqu’à présent pas non plus manifesté un geste de solidarité.

« Nous étions au mauvais moment à un mauvais endroit le jeudi 1er décembre. Nous prenant pour des journalistes de radio Métropole, un groupe d’hommes armés et violents s’identifiant à Lavalas, nous a attaqués dans les parages de l’hôtel Le Plaza. Ils nous ont battus avec fracas et brutalisés sous la menace de leur pistolet, prétextant que nous avons proclamé les résultats des élections. Si Dieu n’était pas pour nous, nous serions déjà morts », explique Jhovany André qui vit actuellement dans le maquis.

Selon ce journaliste, hormis des confrères et consœurs, l’AFEVLIS-Haïti, une organisation de défense de droits humains où il assure la tâche de responsable des relations publiques et la représentante du Secrétaire générale des Nations-Unies, Mme Sandra Honoré qui, à travers leur micro, leur plume et une note de condamnation, manifesté leur solidarité envers eux, personne d’autre ne pipe mot.

« Nous avons l’impression d’être abandonnés. Comme si c’est normal que nous soyons agressés au point même d’être tués par des malfrats qui sèment la panique en toute impunité dans la capitale sous couvert d’un parti politique », lâche d’une voix chiffonnée le journaliste Jhovany André.

« Depuis l’incident, jusqu’à présent on ne se présente pas encore à la radio. Le directeur Marc Aurel Garcia, actuellement en déplacement à l’étranger a appelé à la station ai-je entendu, sans même demander l’identité des journalistes agressés, voire écrire quelques lignes dans son journal Haïti en Marche pour dénoncer cet acte », regrette Jhovany, lequel dit avoir le sentiment d’être un employé lâché dans la nature et relégué à l’arrière-plan par son employeur.

Craignant pour sa vie et celle de sa famille, depuis le jour où l’incident s’est produit, Jhovany et les siens qui habitent proche du quartier de Simon Pelé, se sont retrouvés nulle part ailleurs comme des errants et insomniaques, nous signale-t-il.

Contacté aussi par téléphone, elle n’a pas été différente, la réaction de Ricardo Simonis, journaliste à la radio Mélodie FM, victime également d’agression physique et verbale des partisans du parti politique Fanmi Lavalas qui se manifestent contre le verdict des urnes, tout en indexant des journalistes de complicité dans la proclamation des résultats.

« Nous avons non seulement failli quitter notre peau, mais exceptés un organisme de défense des droits humains et quelques médias qui nous ont exprimé leur soutien, nous sommes tout aussi bien victimes d’un déficit de solidarité dans le milieu, y compris au niveau de l’État », se lamente Ricardo Simonis, soutenant au passage qu’une telle attitude prouve que s’ils étaient morts, on placerait l’assassinat dans le cadre de l’insécurité généralisée.

Ricardo Simonis dort encore chez lui. Contrairement à son collègue et confrère Jhovany André qui est obligé d’abandonner sa demeure avec sa famille, Simonis dit avoir bénéficié, outre le réconfort du directeur de la salle des nouvelles de radio Mélodie FM, Bénito Sinord, de la solidarité des membres du quartier où il vit.

« Nous avons dû déposer une plainte par devant le commissaire du gouvernement. Nous attendons les suites nécessaire mais aussi la solidarité, si possible, des responsables d’organismes de droits humains qui n’ont pas encore témoigné de leur soutien », conclut Ricardo Simonis encore sous le choc.

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Source/Haiti Press Network
Photo/Archives
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