PORT-AU-PRINCE – Un sujet de doute, voire de grandes préoccupations. En effet, en pleine pandémie de covid-19, les conditions dans lesquelles voyagent les passagers dans les transports en commun laissent à désirer. Ils ne sont pas nombreux à porter un masque et sont assis presque nez à nez. Le principe de distanciation physique est mis à mal. Une situation idéale donc pour la propagation du virus. La nécessité de rectifier le tir s’impose. Des organisations syndicales y adhérent, mais leurs points vues sont différents sur comment y parvenir.

« Ce n’est pas aux chauffeurs de prendre des dispositions pour protéger les passagers » estime Duclos Benissoit, responsable du mouvement unifié des transporteurs haïtiens (MUTH). Droit dans ses bottes, le syndicaliste croit que tout changement au niveau des transports en cette période de crise sanitaire doit être initié par les autorités. Et ce n’est pas tout.
« Certaines conditions doivent être réunies », insiste le coordonateur du MUTH.

Autant dire que l’on vit depuis déjà plusieurs semaines une rareté de carburant dans le pays. Pire encore, Duclos Benissoit s’oppose à tout accord tacite ente l’Etat et les transporteurs. Et le syndicaliste semble avoir de bonnes raisons.
« Comment demander aux transporteurs de réduire le nombre de leurs passagers, alors qu’ils payent le gallon de gazoline à 750 gourdes, voire 1000 gourdes dans l’informel, soit plus que le double du prix normal dans les stations à essence », se questionne le syndicaliste.

Sans l’accompagnement de l’état, les chauffeurs ne peuvent pas réduire le nombre de leurs passagers. Duclos Benissoit est ferme sur ce point. Mais son avis diffère cependant de celui de son collègue de l’Association des Propriétaires et Chauffeurs Haïtiens (APCH)sur certains points. Contrairement au dirigeant du MUTH, Méhu Changeux croit que même sans le support de l’Etat, les conducteurs ont une responsabilité dans la lutte contre le coronavirus. A telle enseigne, il expose certaines dispositions déjà adoptées en ce sens.

«Avec les faibles moyens dont nous disposons, nous avons fait en sorte de distribuer des cache-nez aux chauffeurs et mettre en place des points de lavage de mains, à l’attention des passagers, de manière qu’ils puissent s’en servir avant même de s’embarquer » fait savoir, Méhu Changeux.

De même, le numéro un de l’APCH, également du regroupement syndical dénommé, Secteur transport terrestre haïtien(STTH) indique que des mesures de réduction du nombre de passagers ont été également adoptées, sans que les frais de transport ne soient changés. En dépit du manque à gagner que cela provoque, le dirigeant syndical affirme que gagner de l’argent c’est bien, mais se protéger contre la mort est plus important.

Même au détriment de son intérêt, chaque chauffeur ou propriétaire de véhicule du transport en commun se doit d’être responsable face au danger que représente le coronavirus. Certes, la maladie n’est pas une fatalité, mais mieux vaut ne pas la contracter. Méhu Changeux exhorte la population à la prudence.

Le coronavirus fait rage en Haïti. La présence de variants brésilien et anglais complique la situation. Les derniers chiffres communiqués par le ministère de la santé font état de plus 1500 cas entre le 7 et le 20 juin. Alors que le nombre de nouveaux décès enregistrés au cours de la même période a déjà atteint la barre de 20 dont 9 seulement pour la journée du 5 juin 2021.

Source/Vant Bèf Info ( VBI)
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