PORT-AU-PRINCE – Au moins dix personnes ont été tuées à Mariani vendredi dernier lors d’une attaque sanglante des groupes armés de Village-de-Dieu et de Grand-Ravine pour le contrôle de cette zone de la commune de Gressier. Ils ont tué six membres de la population et un policier. Dans des échanges de tirs avec la police, trois bandits ont été tués et quatre autres appréhendés, selon ce qu’a rapporté au Nouvelliste Jean Vladimir Bertrand, l’agent exécutif intérimaire de la commune de Gressier.

Les gangs de Village-de-Dieu et de Grand-Ravine veulent étendre leurs tentacules sur la route nationale numéro 2. Après avoir occupé certaines zones à Martissant en chassant les membres de la population et les membres du gang armé de Tibwa, ils tentent maintenant de prendre le contrôle du marché de Mariani où se situe l’un des plus importants abattoirs du pays. La commune de Carrefour qui, depuis le 1er juin, paie un lourd tribut dans cette guerre entre les groupes armés de l’entrée sud de Port-au-Prince, se retrouve maintenant prise en sandwich dans ce conflit à Martissant et à Mariani.

L’assaut des gangs armés de Grand-Ravine et de Village-de-Dieu vendredi dernier à Mariani a coûté la vie à Markenson Bontemps, un jeune policier qui, pendant ses temps libres, faisait du transport en commun avec son tap-tap. « Josué et Jackson, deux simples citoyens de Mariani, ont été tués chez eux par les bandits au cours de l’attaque. Ces derniers ont tué aussi le responsable du marché Charbon, le directeur d’une station-service de la zone, une personne âgée de plus de 70 ans… Au total, nous avons enregistré sept morts, dont le policier », a rapporté l’agent exécutif intérimaire de Gressier, Jean Vladimir Bertrand.

« Ils sont arrivés vendredi dernier dans la zone en utilisant un petit bateau. Ils étaient entre 50 et 60 à débarquer à Mariani ce jour-là. Le jour suivant, un autre bateau qui voulait les ravitailler en armes et en munitions a été repoussé par les agents du garde-côtes, communément appelé Marine haïtienne », a expliqué au journal l’agent exécutif intérimaire de Gressier.

« Grâce à l’intervention de la police et de la population, ces bandits n’ont pas pu prendre le contrôle de l’abattoir. Cependant certains d’entre eux se retranchent aujourd’hui encore dans des quartiers à Mariani. La police et la population sont à leur recherche … », se félicite l’agent exécutif intérimaire de Gressier dans une interview accordée lundi au Nouvelliste.

« Jusqu’à présent, nous sommes satisfait des opérations menées par la police », s’est-il réjoui, soulignant qu’il a reçu le support des mairies adjacentes dans la lutte contre l’implantation de ce groupe armé dans des municipalités comme Léogâne, Carrefour et Petit-Goâve. « Ils nous ont envoyé des renforts pour lutter contre les bandits », a-t-il ajouté.

Six parmi les bandits, originaires de Mariani, ont été arrêtés et trois autres tués lors des échanges de tirs avec les forces de l’ordre, a indiqué l’agent exécutif intérimaire de Gressier.

Selon ce qu’a expliqué au Nouvelliste Jean Vladimir Bertrand, ces groupes armés avaient pour objectif de prendre le contrôle du marché de Mariani et de l’abattoir. « Ils voulaient prendre en sandwich la commune de Carrefour pour empêcher la population du grand Sud d’utiliser les routes de Saint-Jude et de Tara’s pour se rendre à Port-au-Prince », a-t-il ajouté.

Il faut rappeler que depuis le 1er juin 2021, les groupes armés de Village-de Dieu et de Grand-Ravine ont le contrôle total de la route de Martissant. Certains usagers sont obligés de payer les bandits pour fréquenter ce tronçon de la route nationale numéro 2. Pour pallier cette situation, des membres de la population utilisent les routes en très mauvais état de Saint-Jude, de Tara’s ou de Tikajou qui ne sont pas contrôlées par ces groupes armés.

Selon une autre source, cette attaque à Mariani des groupes armés de Village-de-Dieu et de Grand-Ravine vise à affaiblir le groupe armé de Tibwa avec lequel ils sont en conflit depuis le 1er juin 2021. « S’ils arrivaient à prendre en sandwich Fontamara et la commune de Carrefour, ils réduiraient les marges de manœuvre et le territoire du groupe armé de Tibwa », a indiqué notre source.

Le mois dernier, a rappelé l’agent exécutif intérimaire de Gressier, ces groupes armés avaient déjà fait une tentative pour occuper la localité de ‘’ Tisous ‘’ où se trouve le marché de Mariani, une zone située entre Carrefour et Gressier. « Ils ont été repoussés et huit d’entre eux ont été tués », a fait savoir Jean Vladirmir Bertrand.

Déjà neuf mois depuis que la commune de Carrefour et les quatre départements du grand Sud subissent les effets négatifs de la guerre des gangs à Martissant devenu la frontière entre les quatre départements du grand Sud, une partie de l’Ouest et le reste du pays. Depuis le 1er juin 2021, le pays est scindé en deux parties. Déjà neuf mois depuis que les autorités ont déserté la route nationale numéro 2 à Martissant au profit des groupes armés qui font chanter la poudre. Cette guerre des gangs armés qui a déjà fait un nombre incalculable de victimes civiles menace maintenant d’asphyxier la population des zones adjacentes.

Alors que les promesses du Premier ministre Ariel Henry de reprendre le contrôle de la situation à Martissant restent sans effet, cette tentative des groupes armés d’occuper Mariani dans la commune de Gressier ne fait qu’aggraver la misère des populations de Carrefour et du grand Sud…

Source/Le Nouvelliste
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