PORT-AU-PRINCE – Le gouvernement canadien a été victime de pratiques frauduleuses à son ambassade d’Haïti, de 2004 à 2016, qui ont entraîné des pertes de plus de 1,7 million de dollars.

Des allégations qui ont fait surface en 2015 ont été l’élément déclencheur d’une vaste enquête au sein du gouvernement canadien. Même le contrôleur général et le vérificateur général du Canada ont été mis au fait de la situation.

Le ministère des Affaires étrangères a découvert plusieurs stratagèmes comme le gonflement de factures, le détournement de biens devant être livrés à la mission, le vol de biens et de matériel en réserve ainsi que de la collusion entre des employés recrutés sur place et des fournisseurs.

Au total, 17 employés embauchés localement ont été congédiés, soit 12 qui travaillaient pour Affaires mondiales Canada, et 5, pour Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada.

Personne n’a été accusé au criminel. Une enquête administrative est toujours en cours.
La GRC pourrait être appelée à son tour à enquêter.

Ottawa a rompu ses liens avec les entreprises visées dans cette enquête. Impossible de savoir lesquelles ce sont et si elles sont canadiennes.

Le ministère assure par ailleurs que le programme d’aide internationale et l’intervention humanitaire à la suite de la dévastation causée par l’ouragan Matthew n’ont pas été touchés, ni interrompus.

Un environnement de travail difficile
Un document daté du 29 mars 2016 à l’intention du ministre des Affaires étrangères, obtenu par Radio-Canada en vertu de la loi d’accès à l’information, permet de comprendre dans quel contexte cette fraude est survenue.
L’enquête a révélé que l’ambassade composait avec « un environnement difficile », où le « changement de personnel était fréquent ».

Les « longues périodes de transition » entre les derniers ambassadeurs canadiens à Port-au-Prince ont aussi été soulignées.

Des ambassadeurs d’autres pays interrogés par les enquêteurs ont dit que les risques liés à ce genre de méfaits avaient « augmenté de façon exponentielle » en Haïti après le séisme de 2010. La catastrophe a causé d’importantes perturbations dans les chaînes d’approvisionnement et les pratiques commerciales.

Le ministère des Affaires étrangères dit avoir apporté les correctifs nécessaires et prendre la situation « extrêmement au sérieux ».

L’enquête continue
Une enquête administrative du gouvernement canadien se poursuit pour déterminer si des employés canadiens « toujours à l’emploi du gouvernement du Canada » ont été impliqués dans ces stratagèmes.

Une porte-parole des Affaires étrangères, Jocelyn Sweet, affirme que le ministère « évalue ses options de recouvrement » pour récupérer les sommes perdues. Ottawa évite de donner trop de détails pour éviter de « compromettre ces efforts » , a fait savoir la porte-parole.

Le ministère a déclenché des vérifications proactives dans d’autres missions canadiennes dans le monde pour vérifier si ces mêmes pratiques qualifiées « d’inconduites de nature grave » pourraient avoir cours ailleurs. Ces vérifications sont d’ailleurs toujours en cours.

Des instructions spéciales ont depuis été envoyées à tous les chefs de missions canadiennes et à des gestionnaires pour les aider à prévenir pareille fraude. Des programmes de formation ont aussi été améliorés.

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Source/Radio-Canada
Photo/Archives
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