PORT-AU-PRINCE – Entre amertume et indignation, parents, amis, collègues de travail, personnalités du secteur des droits humains, entre autres, ont assisté, ce samedi 27 août, au Pax Villa, à la cérémonie funèbre de Josette fils Desanclos, Sarahdjie Desanclos et Sherwood Sondjie Desenclos, tuées puis brûlées à Croix-des-Bouquets, le samedi 20 août 2022. « J’ai perdu une femme de courage. J’ai perdu des amies, des confidentes. J’ai tout perdu », a murmuré en larmes Me Simpson Desanclos.
« C’est vraiment insoutenable cet exercice ce matin. Ce sont mes enfants qui devraient m’enterrer. Au contraire, je suis devant un lot de cadavres dont je dois faire leur deuil. Hélas! Voilà toute une vie construite qui est partie en éclat dans un temps record », a lâché en larmes Me Desanclos, qui s’est demandé ce qu’il a fait pour mériter cette punition.
Aux funérailles de la femme et des filles de Me Desanclos, il n’y pas eu de cercueil mais des urnes funéraires et des photos des assassinées. Au Pax Villa, Me Simpson Desanclos décrit une relation de complicité et de confiance entre lui et ses filles. « C’est grâce à cette complicité et cette confiance que j’ai eu le courage et la force de faire le parcours de Cap-Haïtien à Mirebalais à motocyclette. Une fois à Port-au-Prince, je me suis rendu sur les lieux du crime. Voyant les carcasses de la voiture, toute ma vie s’est éteinte. J’ai perdu les trois personnes les plus chères de ma vie », a tristement déclaré Me Desanclos.
« La mort nous guette dans tous les coins et recoins. On dirait que les Haïtiens marchent définitivement au bras avec leur cercueil et que chacun attend paisiblement leur tour d’être la prochaine victime », s’est indigné Me Desanclos. Selon lui, le crime crapuleux de sa femme et de ses filles révolte la conscience et ne doit pas rester impuni. « Jwèt pou ou lapolis, et à vous la justice de mon pays. Nul n’ignore que ce crime porte la signature des 400 Mawozo », a-t-il fait remarquer, rappelant que Cité Doudoune est la zone d’influence du gang dirigé par Lanmò san Jou.
Malgré son amertume, Me Simpson Desanclos a quand même trouvé le courage de remercier ses proches pour leur support. « Je ne saurais comment vous remercier pour votre solidarité agissante devant cet acte odieux, crapuleux, lâche, barbare et criminel », a-t-il déclaré.
« À l’appel de ce matin, Josette Fils Desanclos, Sarahdjie Desanclos et Sherwood Sondjie Desenclos répondent absentes. Quelle douleur ! Quelle atrocité ! Nous vivons dans une société sans cœur, sans âme, sans humanité. Le pays est livré à lui-même. La capitale est assiégée par des gangs avec ou sans diplôme. Ils nous enlèvent paisiblement, nous violent et nous tuent froidement, sans aucune crainte d’être poursuivis, arrêtés, jugés et condamnés », a déclaré Me Patrick Laurent, ami de la famille.
De son côté, Me Samuel Madistin pense que la mort tragique des Desanclos « est un message pour chacun d’entre nous ici présent sur ce que nous devons faire pour mettre un terme au règne de la violence aveugle, de l’impunité, de l’irresponsabilité en nous imposant de la vie, du courage et la bravoure de Josette fils Desanclos, Sarahdjie Desanclos et Sherwood Sondjie Desenclos ».
Pour Calixte Fleuridor, sa présence est de répondre au devoir de rendre un dernier hommage à la mémoire de ces regrettables sœurs tombées sous les balles assassines des bandits. « Nous avons le regret de constater que de plus en plus la société haïtienne tend à s’effondrer dans un cycle infernal d’insouciance, d’irresponsabilité, d’animosité, de criminalité gratuite et d’irrespect de la dignité de la personne humaine », a-t-il dit, demandant aux autorités de prendre des mesures concrètes pour l’ordre et la paix.
Sarhadjie Desanclos, 24 ans, ancienne de l’Institution Sacré-Coeur, avait cours à l’Université de Port-au-Prince, le samedi 20 août 2022, le matin de son assassinat. Employée du ministère de l’Économie et des Finances (MEF), sa grande sœur Sherwood Sondjie Desanclos, juriste de 29 ans, issue du Centre d’études secondaires et de la Faculté de droit et des sciences économiques (FDSE) et sa mère, Josette Fils Desanclos, employée de l’Autorité portuaire nationale (APN), ne savaient pas qu’en quittant leur domicile de Croix-des-Bouquets, la mort serait au bout d’un périple ordinaire. Les trois femmes ont été prises pour cibles, tuées et brûlées lors d’une opération de bandits de la zone qui a laissé un lourd bilan: au moins huit morts entre Croix-des-Bouquets et Tabarre.
Source/Le Nouvelliste
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