P-au-P, 23 oct. 2013   Il a fallu que des avocats du barreau de Port-au-Prince, puis des sénateurs de la république, utilisent la force pour sortir le jeune avocat, André Michel, des tentacules du juge instructeur Lamarre Bélizaire,

alors que l’un des substituts du commissaire du gouvernement, près le tribunal civil de Port-au-Prince, a constaté qu’aucune charge n’a été retenue contre l’opposant du régime en place, relève l’agence en ligne AlterPresse.

Tout de suite après la libération de Michel, un ordre de dépôt, émané du juge Bélizaire, à la réputation plutôt proche du palais national, a été déjà en route contre l’avocat.

Toute une mise en scène (chaîne d’union, sirènes, accompagnement de la population) a été organisée, par confrères, sénateurs, députés et sympathisants, pour sécuriser Me. Michel qui allait être transporté dans la salle de séance du sénat de la république, flanqué de son bâtonnier Carlos Hercule.

Me. André Michel est désormais en sécurité, sous le contrôle du sénat de la république, confie le sénateur François Annick Joseph dans la presse.

Une situation qui rappelle le cas du député Arnel Bélizaire, ramené au parlement, le 28 octobre 2011, après son arrestation « illégale et arbitraire » du 27 octobre 2011 ordonnée par le même exécutif (h….

Une nouvelle fois, après la tentative du mois d’août 2013, Lamarre Bélizaire aura raté une « belle occasion » pour « régler son compte à l’avocat André Michel, qui a eu le courage de dénoncer la corruption et les agissements peu corrects de son patron [celui de Bélizaire] du palais national », commente un avocat du barreau de Port-au-Prince, venu se solidariser avec son collègue Michel, au parquet prés le tribunal civil de la capitale, ce 23 octobre 2013.

Est-ce une façon pour les sénateurs et les députés, à la base de ce mouvement de force, de montrer à l’exécutif que tous les moyens sont possibles pour freiner des dérives ?

Est-ce une réplique, pratique, à une autre arrogance de la présidence qui semble croire que le pouvoir exécutif dominerait les autres pouvoirs ?

Est-ce une façon originale de montrer que le pouvoir arrête le pouvoir en Haïti ?

Autant de questions que soulève, dans certaines têtes, l’affaire André Michel, désormais célèbre pour avoir tenu tête à l’autoritarisme et autres abus de pouvoir…

Un apparent contrôle anodin d’un véhicule, qui mène à une paradoxale arrestation d’un passager, au lieu du chauffeur…

Et si c’était un plan bien concocté, à la sauce rose, pour faire ombre au dossier des millions de dollars américains trouvés, au Surinam, dans une valise d’un haut fonctionnaire haïtien du service de l’immigration et de l’émigration et à celui du prétendu complot de l’assassinat du journaliste Jean Monard Métellus, découvert par le ministère de la justice, lequel n’a pourtant procédé à aucune arrestation ?

Encore une interrogation d’un militant du mouvement social haïtien, requérant l’anonymat.

En tout cas, le dossier d’André Michel met encore une fois à nu les faiblesses et la possible instrumentalisation de la justice haïtienne.

Et les mouvements de protestation contre un exécutif – « qui a réussi à faire tous les mauvais coups pour se discréditer et s’enfoncer davantage dans la fange » – ne font que gagner en ampleur.

Le Champ de Mars, grande place publique à proximité des ruines du palais présidentiel, en particulier, et le centre-ville de Port-au-Prince, en général, ont été le théâtre d’échanges de gaz lacrymogènes et de jets de pierres entre le corps d’intervention et de maintien d’ordre (Cimo) de la police nationale d’Haïti (Pnh) et des étudiantes et étudiants supportant André Michel.

Même réalité de protestation dans des quartiers populaires, ce 23 octobre, au Cap-Haïtien (deuxième ville du pays, à 248 km au nord de la capitale), après l’effervescence de Martissant (périphérie sud de Port-au-Prince) au fort de la tentative d’arrestation de Me. André Michel, farouche opposant à l’actuelle administration politique.

Des pierres concassées, des barricades de pneus usagés enflammés et des emballages de gaz lacrymogènes ont jonché les rues St Honoré, Magloire Ambroise, Oswald Durand (de Port-au-Prince). Les agents la Pnh ont encerclé la faculté d’ethnologie (Fe) de l’Université d’État d’Haïti 5Ueh), où se sont réfugiés étudiantes et étudiants.

En observant un bras de fer – qui semble vouloir démontrer lequel est le pouvoir le plus fort entre l’exécutif, le judiciaire et le législatif -, ne devrait-on pas se demander quel est l’avenir de la démocratie en Haïti ?

Source/AlterPresse

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