PORT-AU-PRINCE – Le président de la République et le secrétaire général de l’ONU se sont entretenus, mercredi au téléphone, sur la note du chef de la MINUJUSTH qualifiée d’ingérence par les autorités haïtiennes. Quelques heures après cet entretien téléphonique, la représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU, Susan D. Page, a été rappelée, a confié au Nouvelliste, vendredi soir, Lucien Jura, porte-parole de la présidence.

« Je confirme que Madame Susan D. Page a été rappelée par le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies pour consultation », a déclaré vendredi soir Lucien Jura joint par téléphone. « Le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a exprimé au président de la République sa désolation par rapport au comportement de Susan D. Page qui ne reflète pas la position de l’ONU. C’est une déclaration qui n’engage que Madame Page. Le Secrétaire général de l’ONU était formel là-dessus… », a rapporté le porte-parole du chef de l’État.

Le porte-parole de Jovenel Moïse n’était pas en mesure de dire si Madame Page a été rappelée définitivement pour être remplacée par quelqu’un d’autre comme représentant spécial du secrétaire général de l’ONU en Haïti. Cependant, Lucien Jura a laissé le soin aux spécialistes dans les relations diplomatiques d’analyser la situation.

En guise de satisfaction, puisque le gouvernement haïtien avait vertement dénoncé le communiqué de Madame Page, Lucien Jura estime qu’avec cette situation, le pays a changé son fusil d’épaule dans ses relations avec ses partenaires internationaux. Selon lui, les rapports entre Haïti et ses partenaires doivent se faire dans le respect mutuel.

« Haïti ne veut pas être un pays téméraire, mais ne va pas non plus prendre la voie de la lâcheté. Par rapport à un accro, le pays est monté au créneau pour exiger le respect des règles de l’art qui doivent caractériser les relations avec les peuples, notamment avec l’ONU », a affirmé M. Jura, soulignant que le chef de l’État ne veut que faire respecter la dignité du peuple haïtien.

Contrairement aux informations faisant croire que le président Moïse avait boudé une rencontre de haut niveau à l’ONU sur le choléra en signe de protestation à la note de Madame Page, Lucien Jura a informé que le président de la République et le secrétaire général de l’ONU se sont entendus pour reporter la rencontre. « C’est une rencontre reportée à une date ultérieure et non pas annulée. Elle n’avait pas eu lieu », a soutenu M. Jura. Selon lui, l’atmosphère n’était pas propice à la réalisation de cette rencontre

Il faut souligner qu’avant le rappel de Susan D. Page, elle a été convoquée par le ministre haïtien des Affaires étrangères pour s’expliquer sur la teneur de sa note. Après cette rencontre, le gouvernement haïtien avait décidé de rappeler son ambassadeur à l’ONU pour consultation.

Selon cette, désormais, fameuse note de Susan D. Page publiée le 25 février quelques heures avant la tenue de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la CARICOM à Port-au-Prince et quelques jours après la publication du rapport de Transparency International sur la perception de la corruption où Haïti est mal classée-, la représentante du Secrétaire général de l’ONU avait jeté un pavé dans la mare.

« Dans le cadre de son mandat d’accompagnement du gouvernement haïtien dans le renforcement des institutions de l’État de droit, de continuation du développement des capacités de la Police nationale et des services correctionnels haïtiens, de suivi de la situation en matière de droits humains, d’en rendre compte et de l’analyser, la Mission des Nations unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH) salue le fait que des juges ont été chargés d’instruire les plaintes concernant le dossier PetroCaribe, déposées par des particuliers devant le tribunal de première instance de Port-au-Prince les 29 janvier et 20 février 2018 respectivement », lit-on dans la note qui a rappelé que « selon un rapport récemment publié par Transparency International, Haïti est classée comme le pays le plus corrompu de la région des Caraïbes et à la 23e place des moins bien notés (157) sur 180 pays interrogés sur la perception de la corruption ».

En outre, Susan D. Page, chef de la MINUJUSTH, déclare : « Je salue l’initiative et le rôle actif des citoyens haïtiens et de la société civile engagés dans la lutte contre la corruption et l’impunité. Leurs actions démontrent que la population défend l’obligation de rendre des comptes ainsi que la justice ».

« La Mission regrette toutefois qu’aucun juge d’instruction n’ait été chargé d’examiner les allégations de violations des droits humains commises par des unités de la Police nationale haïtienne (PNH) à Lilavois le 12 octobre 2017, au cours desquelles au moins une personne a été tuée, ainsi qu’à Grand-Ravine le 13 novembre 2017, où huit civils auraient été sommairement exécutés, en plus des deux officiers de la PNH tués », ajoute la note.

« J’appelle les autorités compétentes à procéder sans plus tarder à l’assignation de juges d’instruction dans ces deux affaires, comme le prévoit la loi », conclut Madame Susan D. Page dans sa note qui a mis les autorités haïtiennes dans tous leurs états.

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Source/Le Nouvelliste
Photo/Archives
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