PORT-AU-PRINCE – Alors qu’il a fait de la Caravane du changement le plus grand plan d’action de son administration, le président Jovenel Moïse ainsi que le reste de son équipe n’ont pas cessé d’insister sur le fait qu’il s’agit d’une stratégie et non un programme gouvernemental. Cette caravane, qui est censée couvrir le pays, sert à donner visibilité à une seule personne, le président Jovenel Moïse lui-même, a relaté le sénateur du Nord-Est, Jacques Sauveur Jean, lors de son passage, lundi à l’émission «Haïti, sa k ap kwit» sur la chaîne 20. Tout passe par le chef de l’Etat. C’est justement pour cette raison que cela semble «échapper au contrôle des responsables», à en croire le sénateur, qui n’a pas mis de gants pour tirer sa conclusion. «C’est l’un des centres de corruption les plus solides en Haïti», glisse-t-il.

Même si le président et son équipe semblent tirer satisfaction de cette expérience déclenchée dans le pays avec la caravane, le sénateur Jacques Sauveur Jean estime néanmoins que tout n’est pas net à ce niveau. «Le jour où l’on décidera de mener une investigation sur la caravane, on verra ce qu’elle révélera», affirme le sénateur proche du parti au pouvoir, PHTK. Quoiqu’il n’y ait pas de budget explicitement alloué à la Caravane, n’étant pas un programme de gouvernement, il y a des « décisions qui sont prises et qui nécessitent le décaissement de fortes sommes d’argent », à en croire le sénateur et chanteur. La caravane ne convainc pas, elle n’atterrit pas, insiste-t-il, préoccupé quant à l’avenir de Jovenel Moïse (qu’il a connu personnellement), au pouvoir, et à qui il demande de se réveiller et de se mettre à la hauteur de sa fonction pour diriger.

Si, dès sa prise de fonction, le président Jovenel Moïse n’a pas cessé de claironner son combat engagé contre la corruption, ce fléau qui gangrène l’administration publique, Jacques Sauveur Jean, comme d’autres observateurs et acteurs de la société, est loin d’être convaincu quant aux actions conduites en ce sens. «Cela ne convainc personne dans les faits, du moins pas encore…», regrette celui qui dit souhaiter voir la lutte contre la corruption, laquelle, avance-t-il, constitue son premier souci l’ayant conduit jusqu’à se porter candidat aux sénatoriales. «C’est ma première bataille. Je l’ai toujours dit. J’ai le sentiment d’avoir accompli ma mission», se vante le sénateur, se rangeant aux côtés de ceux-là qui ont permis à la population de se réveiller contre les différents acteurs impliqués dans la corruption. Pour lui, le premier citoyen de la République doit «passer à l’action», en renforçant l’appareil judiciaire qui doit fonctionner en toute liberté.

Par ailleurs, le sénateur Jacques Sauveur Jean conseille le chef de l’Etat de laisser travailler le nouveau gouvernement piloté par le notaire Jean Henry Céant qui a remplacé le Dr Jack Guy Lafontant contraint de démissionner suite aux émeutes des 6, 7 et 8 juillet derniers à Port-au-Prince. Si l’omniprésence du président Jovenel Moïse avait provoqué «un peu d’ombre» au prédécesseur du chef de Renmen Ayiti à la primature, l’élu du Nord-Est croit que le Chef de l’État doit «donner libre champ» au chef du gouvernement afin qu’il accomplisse son travail. «On aurait dit que c’est le président qui dirigeait la Primature en lieu et place de Jack Guy Lafontant», fait remarquer le parlementaire sur le plateau de «Haiti Sa K ap kwit». C’est au chef de la Villa d’accueil justement qu’il revient la tâche d’atterrir la vision du chef de l’Etat, persiste celui qui a voté en faveur de l’énoncé de déclaration de politique générale du PM Céant.

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Source/Le Nouvelliste
Photo/Archives
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