PORT-AU-PRINCE – La fête des gede (Ndlr : un rituel annuel, dans le vodou haïtien, célébré à l’occasion de la fête des morts, le 2 novembre) tendrait à perdre de son originalité, dans un contexte empreint d’acculturation, relève l’anthropologue et professeur à l’Université d’Etat d’Haïti (Ueh), Jean Yves Blot, dans une interview accordée à l’agence en ligne AlterPresse le 31 octobre 2016.

Même s’il indexe à ce niveau la classe moyenne et les sectes protestantes, Blot soutient que les célébrations et dévotions ont toujours lieu.
Il est impossible de dire que les célébrations ont perdu leur ampleur, parce qu’aucune étude n’a été menée sur le sujet, soutient-il, soulignant la fonction sociale de la célébration du jour des morts, le 2 novembre de chaque année.

« La classe moyenne est au cœur de l’américanisation de la société […] ».

Même si les dévotions se font toujours à l’occasion du jour des morts […], l’américanisation et l’influence de la religion protestante dans la société seraient à l’origine du détachement envers cette réalité culturelle qu’est la fête des gede, analyse Jean Yves Blot.

Il est impossible de penser au progrès et au développement du pays, sans embrasser la réalité culturelle. Et la célébration de la fête des morts doit être un rappel de cette réalité, avance l’anthropologue Jean Yves Blot.

« Un gede est un esprit, une personne ayant traversé l’au-delà. Même si elle n’est plus du monde physique, cette personne a pour mission de veiller sur ses proches encore ici-bas, leur procurer ce dont ils ont besoin. C’est ce qui explique les dévotions, les prières et rituels, le 2 novembre ».

Pour les profanes, les gede sont considérés comme des dieux de cimetière, garants du bien et du mal.

Cependant, contrairement aux idées reçues, le 2 novembre est une célébration de la vie, affirme le professeur Jean Yves Blot.

Cela explique, dit-il, les propos fortement sexuels des adonbre (individus en état de possession). Viennent s’ajouter les pas de danse banda et les multiples tours de reins secs (chika…gouyad).

À chaque fois qu’un individu est « adombré », il offre, au gede, une brève réincarnation, explique-t-il.

Ceci n’est pas une vérité anthropologique, insiste le professeur qui souligne, néanmoins, combien ne peut-on pas analyser la célébration sous un angle de véracité.

Le professeur invite à se concentrer sur la valeur sociale des célébrations du gede, encore très prisées dans les milieux populaires et paysans en Haïti.
Sur la question du symbolisme des couleurs, l’anthropologue précise qu’initialement, les couleurs du deuil, dans la tradition vodou, sont le mauve (variante pourpre) et le blanc.

La couleur noire, quant à elle, constitue une assimilation aux cultures occidentales, ajoute l’anthropologue et professeur à l’Ueh, Jean Yves Blot.

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Source/Alter Presse
Photo/Archives
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