PORT-AU-PRINCE – La famine menace l’île dévastée par l’ouragan «Matthew». Si l’aide tarde, le pire sera inévitable, prévient Jocelerme Privert.

«Je ne veux pas voir mourir des Haïtiens faute d’aide internationale!» s’alarme Jocelerme Privert, président par intérim de la petite République antillaise, sur les ondes de la BBC. Le passage dévastateur de l’ouragan Matthew le 4 octobre a affecté 2,1 millions de personnes, dont les trois quarts ont désespérément besoin d’assistance. Or, la situation risque d’empirer rapidement si les cultures détruites ne sont pas replantées au cours des premiers mois d’hiver, par manque de soutien financier. «Si nous ne parvenons pas à relancer l’agriculture, dans trois ou quatre mois, nous serons face à une crise alimentaire majeure.»

Bref, la famine rode désormais sur l’île des Caraïbes, où sévissait déjà la malnutrition suite à trois ans de sécheresse. «Pour résoudre notre problème agricole, nous estimons qu’il faudrait entre 25 et 30 millions de dollars. Pour l’instant, nous n’en avons que 2,5 millions», se désespère le président Privert, qui appelle au secours les pays donateurs. «La communauté internationale a exprimé sa profonde sympathie pour le peuple haïtien, des chefs d’Etat nous ont contactés, des chefs de gouvernement ont pourvu un soutien moral et matériel… mais ce n’est pas suffisant.»

Malhonnêteté des pays riches
Ce sous-financement exaspère John Ging, le directeur des opérations du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA). Celui-ci dénonçait il y a une semaine la malhonnêteté des pays riches qui n’honorent pas leurs promesses. «Si le G7 et le G20 respectaient leur engagement de verser 0,7% de leur PIB pour l’aide au développement, nous aurions 158 milliards de dollars en plus de disponibles», fulmine le haut fonctionnaire onusien.

Un mois après le passage de l’ouragan le plus dévastateur des dix dernières années, le Programme alimentaire mondial (PAM) a certes distribué une assistance alimentaire à près de 400 000 personnes. Mais cette aide vitale reste très insuffisante, car selon l’ONU près de quatre fois plus d’Haïtiens ont un besoin urgent d’assistance. Or, le PAM n’a reçu que 18 des 58 millions de dollars jugés nécessaires pour faire en sorte que l’aide parvienne jusque dans les zones reculées.

Appel de la Croix-Rouge
Pour sa part, le Mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a annoncé ce vendredi qu’il aura besoin de plus de fonds pour aider près de 148 000 personnes dans les 18 prochains mois en Haïti. Un soutien de 28,2 millions de francs devrait permettre à la Croix-Rouge haïtienne (appuyée notamment par son homologue suisse) de garantir des soins, les premiers secours, des mesures de prévention des maladies, un soutien moral ou encore un accès à l’eau potable. Selon son président, Jean-Pierre Guiteau, les conséquences de l’ouragan «se feront sentir pendant des années».

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Source/TDG/Tribune De Genève
Photo/TDG/Tribune De Genève
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