PORT-AU-PRINCE – Parce qu’il estime avoir été victime de la lenteur dans la publication des résultats des élections, le président de la République veut que le Conseil électoral puisse désormais proclamer les résultats partiels deux heures après les élections. Pour les anciens conseillers électoraux Max Mathurin et Rosemond Pradel, impossible d’y arriver sans passer par le vote électronique.
« En Haïti, les candidats n’acceptent jamais leur défaite. Pour eux, il y a toujours des fraudes dans les élections », a déclaré le chef de l’État mardi au Palais national lors d’une conférence de presse-bilan pour marquer sa première année au pouvoir. Jovenel Moïse estime que l’institution électorale doit être en mesure d’annoncer les résultats partiels deux heures après le scrutin. Selon lui, il n’est pas normal d’attendre un mois pour avoir les résultats définitifs d’une élection.
« Avec quel système électoral et quel système de votation on va arriver à publier les résultats des élections dans deux heures ? », se demande l’ancien conseiller électoral Rosemond Pradel. « Je dis avec autorité que l’actuel système ne permettra pas d’avoir les résultats partiels des élections dans deux heures… », a soutenu l’ancien conseiller électoral de 2004 à 2007.
Monsieur Pradel a rappelé que le pays dispose d’un système de votation sur papier. Ce qui, a-t-il dit, implique un processus de dépouillement après le vote, un premier comptage manuel dans le bureau de vote, des procès-verbaux qui doivent être signés des membres du bureau… Après cette première partie, les documents électoraux doivent être acheminés à un bureau central. C’est un long processus rien que dans les centres de vote, a avancé M. Pradel dans une interview accordée au Nouvelliste.
Selon lui, même avec l’utilisation, lors des dernières élections, des smartphones qui photographiaient les procès-verbaux et les envoyaient immédiatement au CEP, l’institution électorale ne pouvait pas communiquer les résultats dans deux heures. M. Pradel estime que le chef de l’État devrait être plus réaliste sur ce point.
En revanche, l’ancien conseiller électoral plaide pour le vote électronique, en particulier le modèle brésilien qui, selon lui, répond le mieux à notre réalité socioculturelle. Avec ce système, a-t-il confié au journal, il est possible d’avoir les résultats plus rapidement. Toutefois, pour lui, parallèlement à l’électronique, le papier permettra de confirmer les résultats donnés par les urnes électroniques.
L’ancien président du CEP en 2014, Max Mathurin, estime lui aussi qu’il n’est pas évident d’avoir des résultats deux heures après les élections avec l’actuel système de vote. Pour lui, un système électronique permettant de communiquer les résultats de façon progressive peut aider à avoir les résultats plus vite et avec moins de possibilités de fraudes. Ce système, a-t-il dit au Nouvelliste, sera profitable au pays et diminuera les contestations.
Pour sa part, Abdounel Doudou, directeur exécutif de JuriMédia, qui observe régulièrement les élections dans le pays, croit que les déclarations du chef de l’État sont émotionnelles et ne tiennent pas compte de la réalité du pays. « Peut-être que le président n’est pas conscient de toute la complexité de la machine électorale », a-t-il critiqué.
Selon lui, même avec un système électronique, des résultats dans deux heures ne sont pas évidents. Il dit être pour un système électronique. Toutefois, considérant l’actuel système de vote, l’observateur électoral croit qu’on peut diffuser les résultats plus rapidement si on élimine le Centre de tabulation tel qu’il est. « Chaque département peut comptabiliser directement les votes et transmettre ensuite les données au CEP », a-t-il expliqué au Nouvelliste.
On n’en est pas encore là. Pour le moment, c’est surtout un Conseil électoral permanent que le chef de l’État veut former. Il l’a dit en maintes occasions. D’ailleurs, Jovenel Moïse avait déjà annoncé le lancement d’un appel à candidatures pour permettre à ceux qui veulent intégrer le Conseil électoral permanent de soumettre leurs documents afin de recruter les trois représentants de l’exécutif au CEP.
Les deux autres pouvoirs publics, le Parlement et le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ), sont à une phase plus avancée dans le processus de recrutement de leurs représentants dans le prochain Conseil électoral permanent. Ils devront bientôt communiquer chacun les trois candidats sélectionnés.
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Source/Le Nouvelliste
Photo/Archives
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