PORT-AU-PRINCE – Dans son dernier bulletin, la Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire (CNSA) explique que contrairement à 2014 où l’accès aux aliments s’était grandement amélioré, en raison d’une baisse significative des prix, en 2015 les choses se sont révélées très compliquées, avec la chute significative de la production agricole, la dépréciation effrénée de la Gourde par rapport au dollar américain et au pesos dominicain et les conséquences de la crise socio-politique.

Sur les différents marchés, les prix des produits alimentaires importés et locaux ont augmenté et le coût du panier alimentaire de base a progressé en 2015 de près de 10% en moyenne par rapport à 2014 alors que les prix alimentaires et des matières premières continuaient à chuter sur le marché international.

La CNSA souligne que la situation est encore plus sombre avec la faible croissance économique enregistrée au cours de l’exercice 2014/2015 (1.7%), soit 1.1 point de moins par rapport à l’exercice antérieur (2.8%), couplée avec une baisse de plus de 3% de la production agricole (4% pour les céréales selon la FAO). A ce rythme, la lutte pour l’amélioration des conditions de vie, notamment pour la sécurité alimentaire est loin d’être gagnée. En fait, en modélisant les différents paramètres structurels et conjoncturels actuels, on est amené à l’évidence qu’au moins une croissance du revenu per capita de 5 pourcent par an entrainerait une réduction de la proportion de personnes en insécurité alimentaire de 10% d’ici à 2020. Or cela nécessiterait une croissance annuelle de plus de 7% dans un climat socio-politique serein propice au progrès économique et social au profit du plus grand nombre.

Perspective des prix alimentaires pour2016 selon la CNSA :
En 2016, si l’on se réfère aux données, les conditions pour une amélioration dans les 6 prochains mois, ne sont pas encore réunies entre autres :
Les prix des produits alimentaires de base (locaux) vont probablement se maintenir à la hausse, ceci jusqu’aux prochaines récoltes. Si la récolte de printemps 2016 ne réussit pas, on doit s’attendre à une augmentation continue des prix ;

Les prix des produits importés resteront à un niveau élevé, en raison de la hausse du dollar par rapport à la gourde, à moins que notre monnaie nationale ne s’apprécie, dans une perspective de reprise économique et de stabilité socio-politique. Ce qui prendra quand même du temps pour influencer les prix des produits alimentaires à la baisse. A cet égard, une amélioration de l’accès aux aliments de base n’est pas pour demain. Or l’accès aux aliments est l’une des conditions fondamentales de la sécurité alimentaire dans le contexte propre à Haïti ;

Pour cette nouvelle année, du moins pour le premier semestre 2016, une forte augmentation de l’insécurité alimentaire, donc du nombre de personnes qui en seront touchées, est très plausible. En effet, en l’absence d’un plan de réponse bien articulé et ciblé, le nombre de personnes en situation de crise et de stress pourrait atteindre 1.5 millions au mois de juin 2016 ;

La conjoncture socio-politique sera encore marquée par des turbulences liées aux élections. Ces troubles ont déjà contribué à l’augmentation des prix des produits alimentaires en 2015, en freinant la circulation des personnes et des biens. De plus, l’installation éventuelle d’un nouveau Chef d’état sera suivie par une période de consultations politiques et d’observation en vue de former un éventuel gouvernement. Les bailleurs de fonds internationaux, ainsi que les investisseurs locaux et autres, resteront dans l’attente de signaux clairs émanant du nouveau Président et gouvernement, afin de mieux orienter et optimiser leurs interventions.

Il est important de rappeler que, bien que nécessaires, les mesures de stabilisation des prix et du change ne sauraient suffire à améliorer l’accès aux aliments, car si les individus n’ont pas de pouvoir d’achat ou que celui-ci soit trop faible, ils ne pourront pas accéder au marché, d’ailleurs, malgré la contraction de la production agricole locale, tous les marchés sont bien approvisionnés en biens alimentaires, donc le problème de la disponibilité ne se pose plus souligne la CNSA.

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Source/HaïtiLibre
Photo/Archives
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