PORT-AU-PRINCE – A six jours de la fin constitutionnelle du mandat du président Martelly, une délégation de l’Organisation des Etats américains (OEA) séjourne dans le pays depuis dimanche, suite à une demande de médiation du chef de l’Etat. Cette délégation conduite par Ronald Sanders, président du Conseil permanent de l’organisation hémisphérique et représentant permanent d’Antigua-et-Barbuda au sein de l’institution, a discuté avec les sénateurs et les députés ce lundi 1er février 2016.

Tandis que les membres de la délégation n’ont voulu piper mot aux micros des journalistes, un communiqué du bureau de presse du Grand Corps a révélé l’essentiel des échanges qui ont duré plus de deux heures. «Notre mission ne consiste pas à nous ingérer dans les affaires haïtiennes et à imposer une solution à la crise », lit-on dans le communiqué rapportant les propos de M. Sanders , qui s’engage à rencontrer tous les acteurs impliqués, au cours de ce périple.

Selon le sénateur Jean-Baptiste Bien-Aimé qui a pris part à la rencontre, c’est dans le souci d’éviter « au Blanc » d’intervenir dans les affaires du pays que le Sénat s’attelle jour et nuit afin de synthétiser les différentes propositions relatives à l’après-7 février. Le parlementaire souligne qu’après avoir décrypté les propositions acheminées au Parlement, le Sénat dans son ensemble a proposé un préaccord de sortie de crise au chef de l’Etat, dont le calendrier de la mise en œuvre devait débuter à la fin de la semaine dernière pour aboutir au 7 février 2016. Pour contourner l’après-Martelly, les parlementaires proposent, entre autres, la mise en place du nouveau Premier ministre de consensus nommé par le président Martelly en consultation avec les présidents des deux branches du Parlement, en lieu et place d’un président provisoire tel que proposé par le G-8.

Le sénateur Jean-Baptiste Bien-Aimé a craché sa colère contre la délégation de l’Organisation des Etats américains en visite au Parlement ce lundi. « Le Sénat et la Chambre des députés sont de bonne foi. Nous n’avons pas besoin d’une quelconque intervention de l’OEA pour résoudre ce problème. Nous ne savons pas si cette visite rentre dans le même jeu qu’a fait l’OEA en 2010 lorsqu’elle avait nommé Michel Martelly président du pays. Peut-être, elle est venue pour favoriser la prolongation du mandat de ce dernier. Car l’OEA symbolise la magouille », a tempêté l’élu du Nord-Est, indiquant que les sénateurs ont clairement dit à la délégation de l’organisation hémisphérique qu’elle n’est pas bien vue dans le pays. Jean-Baptiste Bien-Aimé l’a responsabilisé dans la misère en Haïti. « Heureusement, ils disent qu’ils ne sont pas venus pour interférer dans la gestion du pays. Ils affirment que l’OEA est venue tout simplement pour recueillir de tous les acteurs des informations sur la crise », a expliqué le bruyant sénateur du Nord-Est, plaidant toutefois pour une sortie honorable du chef de l’Etat.

Le sénateur Carl Murat Cantave informe que l’OEA a pu dévoiler les termes de référence de son périple dans le pays au cours de cette rencontre. D’après ce dernier, les membres de ladite délégation ont avoué que l’OEA n’envisage pas de servir de médiatrice dans cette crise. Elle a comme souci, a rapporté le parlementaire de l’Artibonite, de discuter avec les acteurs afin de produire un rapport au Conseil permanent de l’OEA. Comme ses collègues, M. Cantave a plaidé pour une solution haïtienne à la crise politique. « Il est temps d’assumer notre responsabilité, de faire montre de maturité politique », a-t-il dit, soulignant qu’ils sont sur la bonne voie pour trouver une solution consensuelle sans une intervention étrangère.

Ce n’est pas le sénateur Antonio Chéramy (Don Kato) qui contredira ses collègues. Se montrant lui aussi catégorique, l’élu de la plateforme Verite demande à l’OEA de permettre aux Haïtiens de s’occuper eux-mêmes de leurs affaires. Ce que la délégation nous a promis, a indiqué le sénateur de l’Ouest. « Je sais que l’OEA est toujours là pour nous faire pleurer. Mais ils disent que cette fois-ci ce sont des amis qui nous visitent. Nous les prenons au mot », a ajouté Don Kato, qui a demandé aux « Blancs » de respecter toutes décisions, solutions haïtiennes à la crise sans interférence aucune.

Même son de cloche de la part du sénateur Evalière Beauplan. Ce dernier croit que l’OEA n’a pas sa place dans cette conjoncture. Le parlementaire persiste et signe. Michel Martelly doit partir et il partira le 7 février. Comme pour dire qu’aucune négociation n’est en ce sens possible. Evalière Beauplan se félicite que la délégation a dévié de sa mission en avouant que l’OEA n’envisage pas de faire ingérence dans les affaires du pays pour une fois.

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Yvince Hilaire
Source/ Radio Caraibes/Le Nouvelliste
Photo/Radio Caraibes
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