OPINION « La tentative d’évincer le Premier ministre haïtien Laurent Lamothe de la Primature pourrait remettre en cause les progrès enregistrés en Haïti au cours de ces quatre dernières années », a déclaré, jeudi, l’ancien président Bill Clinton dans une interview exclusive accordée au Miami Herald. «Il a fait un très bon travail », a déclaré Clinton en marge d’un sommet d’une journée sur l’avenir des Amériques à l’Université de Miami.
Selon l’ancien président américain et grand ami d’Haïti, la seule chose qu’Haïti ne peut pas se permettre, c’est de sortir de ce processus en disant : « Nous avons eu quatre grandes années, nous avons grandi comme un fou si vous pensez que nous allons tout jeter et revenir aux anciennes méthodes, ce ne sera pas bon pour le pays. »
M. Clinton, qui a servi comme envoyé spécial de l’ONU pour Haïti après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, est, à nos jours, la personne la plus importante qui soit à même de peser sur la série de recommandations produites par la Commission consultative présidentielle appelant notamment à la démission de Lamothe et d’autres ministres du gouvernement, y compris les principaux membres du Conseil électoral provisoire, pour faciliter une issue à la montée des tensions politiques en Haïti, estime l’article du Miami Herald.
La Commission, composée de 11 membres respectés de la société haïtienne, nommée par le président Michel Martelly, a publié ses recommandations mardi dernier. Le président Martelly devrait s’adresser à la nation ce vendredi pour dire s’il se débarrasse ou non de Lamothe, son ami et confident. «Toutes les expériences que j’ai eues à faire en Haïti n’ont jamais été exemptes de complications politiques; c’est un pays compliqué », a reconnu Bill Clinton.
Faisant référence à Lamothe, qui est devenu Premier ministre en mai 2012, Bill Clinton a dit : « C’est le gouvernement le plus cohérent et le plus décisif avec lequel j’ai eu à travailler sur un large éventail de questions. Et je pense que si vous regardez le volume des investissements qu’ils ont attirés, des hôtels à l’énergie propre aux soins de santé, vous devez vous demander: pourquoi est-ce que cela se produit », a-t-il ajouté.
Les partisans de Lamothe disent qu’il est la cible de groupes d’intérêts spéciaux qui ne digèrent pas bien sa politique de traquer d’importants trafiquants de drogue. « Il n’a jamais fait partie du problème et fera toujours partie de la solution », a déclaré Michel Brunache, le porte-parole de Laurent Lamothe, au Miami Herald.
Les opposants, cependant, sont en désaccord, disant que Lamothe n’a pas effectué une gestion financière saine. Ils disent que lui et le président Martelly ont intentionnellement retardé les élections pour permettre à ce dernier de diriger par décret en janvier, ce qui facilitera la candidature à la présidence attendue de Lamothe.
Clinton a fait savoir qu’il ne contrôle pas le destin politique de Lamothe. Mais si jamais il avait à prendre une décision, a-t-il dit, il le ferait « d’une manière qui permettrait à Haïti de maintenir ses portes ouvertes et de garder les gens désireux de faire partie de l’avenir d’Haïti ».
«Ils doivent comprendre que la confiance des autres personnes, le soutien d’autres personnes et l’engagement d’autres personnes ne sont pas une denrée illimitée qui est à l’abri de ce qui se passe là-bas », dit-il. «Nous sommes passés par plusieurs gouvernements de plusieurs tendances. J’ai vu des changements se produire, j’étais d’accord avec certains, en désaccord avec d’autres. Mais, après tout le monde, vous pouvez encore voir une voie à suivre pour bâtir un pays ».
Source/Jacqueline Charles/Miami Herald
Traduction/Patrick Saint-Pré/Le Nouvelliste
Photo/Archives