PORT-AU-PRINCE – Le bureau de la Chambre des députés est divisé sur la recevabilité ou non de la demande d’interpellation du Premier ministre Jack Guy Lafontant. Si le premier secrétaire dit relever un vice de procédure, le président quant à lui, est d’avis contraire et croit que les députés interpellateurs ont agi selon les normes parlementaires. Gary Bodeau informe que la demande d’interpellation sera indubitablement soumise, lundi prochain, à la conférence des présidents en vue de fixer une date.

En effet, le premier secrétaire du bureau de la chambre des députés, Jean Willer Jean dit, à date, n’avoir reçu aucune demande d’interpellation.
Néanmoins, l’élu de la Croix-des-Bouquets voit dans cette démarche une violation flagrante des procédures en vigueur à la chambre. ‘’Fort de ce constat, la demande est irrecevable’’, déclare Jean Willer Jean, qui brandit le règlement intérieur de la chambre basse.

Désapprouvant l’approche de son collègue, le Président de la chambre des députés, Gary Bodeau, estime que la demande d’interpellation a été faite de façon régulière.

‘’Pas de discussions là-dessus, la demande est plus que recevable’’, affirme le député de Delmas annonçant ainsi que la prochaine étape consistera à fixer la date de la séance, en conférence des présidents.

Mercredi lors d’une conference de presse, les députés interpellateurs ont accusé le premier ministre Lafontant d’avoir violé la constitution et la loi de finances 2017-2018 lui reprochant ce qu’ils appellent son non respect de sa propre déclaration de politique générale.

Pour le député de Marigot, Déus Déronneth, il y aura forcement un vote de censure lors de cette séance à la chambre basse. Soit les parlementaires sanctionnent le premier ministre Lafontant, soit ils se font sanctionnés par la population.

Pour lui, le gouvernement de M. Lafontant a échoué, n’ayant même pas parvenu àa appliquer sa propre déclaration de politique générale.

La situation, poursuit-il, ne s’est guère améliorer au niveau des différentes circonscriptions (117) du pays et leurs représentants au parlement en sont témoins. C’est pour cela qu’ils vont infliger un vote de censure au chef de la Primature. Sinon, dit-il, ils seront eux-mêmes censurés par leurs mandants.

Egalement membre du “groupe des 16” interpellateurs, le député Jean-Marcel Lumérant de Grand-Goave, a lui aussi appelé la conférence des présidents à fixer la date de la séance.

Le parlementaire a déploré le fait qu’au lieu de donner suite a la sommation qui a été faite a M. Lafontant de soumettre au parlement les dossiers des 5 ministres qui ont récemment intégré son gouvernement, il s’est lancé dans une polémique avec les députés.

Mais ce n’est pas uniquement dans le camp de l’opposition qu’émaneront les votes de censure qui pourraient être infligés au poulain du président Jovenel Moise.

Le député de Saint-Marc, Samuel D’Haïti a annoncé mercredi, qu’il pourrait voter dans le sens de l’opposition en dépit de son appartenance au bloc majoritaire proche de l’exécutif.

Il soutient que ce n’est pas un changement de quelques ministres qui va conduire à une amélioration de la situation, en référence au récent remaniement ministériel. S’il y a un problème de leadership à la tête du gouvernement, on aura beau le replâtrer, rien ne va changer, a-t-il dit.

La position du député de Saint-Marc contredit les déclarations de son collègue de Kenscoff, Alfredo Antoine, qui a affirmé que le bloc APH est compact, soudé et continue de défendre le gouvernement. Il a d’ailleurs lié la demande d’interpellation produite par les députés de l’opposition, à une éventuelle insatisfaction suite au replâtrage du gouvernement.

Ce mercredi, le ministre de la communication Joseph Guyler C. Delva a affirmé que le gouvernement répondra à toute correspondance en bonne et due forme en provenance du parlement mais il s’est lui aussi interrogé sur l’opportunité d’une interpellation du premier ministre qui vient tout juste de remanier son gouvernement.

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Source/Haiti Press Netework
Photo/Archives
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