PORT-AU-PRINCE – Lundi, malgré un taux de référence de la Banque de la République d’Haïti (BRH) affiché à 48,40 Gourdes pour 1 dollar américain, le marché des changes (banques et bureaux de changes) échangeaient notre monnaie nationale à 51,50 Gourdes et jusqu’à 53 HGourdes pour 1 dollars américain, dépendant du montant de la transaction, des disponibilités en devises et du degré de spéculation des agents économiques. Dans un marché nerveux, certains agents économiques et des chefs de ménage de condition modeste appréhendent la dépréciation de la gourde

Rappelons qu’au deuxième trimestre 2015, dans sa note sur la Politique Monétaire, la BRH soulignait la « poursuite de la dépréciation de la gourde au deuxième trimestre 2015, mais à un rythme moindre.

La dépréciation de la gourde par rapport au dollar américain s’est poursuivie mais à un rythme moindre. Après avoir clôturé l’année calendaire sur un taux de dépréciation de 2,6 % en variation trimestrielle, le taux de change du dollar par rapport à la gourde en fin de période s’est porté à 47,17 gourdes au 13 mars 2015, accusant une augmentation de 0,9% par rapport à son niveau de décembre 2014. Cette dépréciation de la gourde a été contenue à cause des interventions des autorités monétaires sur le marché des changes et de la reprise des transferts privés en février 2015.

En effet, de janvier à mars 2015, afin de diminuer la pression sur le marché des changes, la Banque Centrale a injecté 22,9 millions de dollars. Quant aux transferts privés sans contrepartie reçue de l’étranger, ils s’élèvent à 241 millions de dollars entre janvier et février 2015. »

Beaucoup d’analystes s’inquiètent de la politique de la Banque Centrale de vouloir maintenir une gourde forte, en puisant dans les réserves de devises de la République. Pour plusieurs, l’équilibre du taux de change et de la balance commerciale, ne peut être rétabli qu’à travers la relance de la production nationale pour réduire l’importation (4 milliards d’importation pour 1 milliard d’exportation). Ce taux de change élevé est défavorable aux importations, obligeant à sortir toujours plus de Gourdes pour obtenir des dollars, ce qui ne peut pas rester sans effet sur l’économie locale et la hausse des prix.

Cette dépréciation de la gourde est le résultat d’un ensemble de facteurs combinés entre autres : dollar fort, spéculation, anticipation négative provoquée notamment par l’incertitude sur l’organisation des élections, qui créent une pression sur le marché local des changes. Une situation qui durera tant et aussi longtemps, que la lecture de la situation économique au pays ne sera pas plus claire.

Pour l’ancien Gouverneur de la banque Centrale, Fritz Jean, le pays traverse une zone de turbulence, l’État doit doit cesser ses interventions dans l’économie soulignant que le rôle interventionniste de la BRH atteint ses limites.

Source/HL/Haiti Libre
Photo/Anmwe/Archives
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