PORT-AU-PRINCE – Le fragile gouvernement haïtien faisait face dimanche à une nouvelle crise après l’enlèvement la veille d’une quinzaine de missionnaires et de membres de leur famille, ressortissants américains pour l’essentiel, par un gang près de Port-au-Prince.

Des ONG haïtiennes ont appelé à la libération de ces 15 à 17 personnes kidnappées samedi alors qu’elles circulaient à l’est de la capitale, où prolifèrent des bandes armées profitant d’un vide sécuritaire et d’une crise politique aggravée par l’assassinat en juillet du président Jovenel Moïse.

«La police se montre incapable d’affronter les gangs qui s’organisent davantage et contrôlent toujours plus de territoires, dans la zone métropolitaine (de Port-au-Prince), mais aussi vers les villes de province», a déploré Gédéon Jean, directeur du Centre d’analyse et de recherche en droits humains, en exhortant à la libération du groupe.

«La nature a horreur du vide, donc les gangs en profitent pour se renforcer», a-t-il ajouté, en expliquant la prolifération des gangs par «l’absence de l’Etat».

Sollicitée par l’AFP, la police haïtienne n’avait pas réagi dans l’immédiat.

Selon la source sécuritaire, les missionnaires et leurs familles revenaient d’une visite dans un orphelinat, situé à une trentaine de kilomètres à l’est de la capitale haïtienne, quand le gang appelé «400 mawozo» a détourné plusieurs véhicules qui circulaient sur des axes routiers qu’ils contrôlent, enlevant les citoyens américains ainsi qu’un nombre encore indéterminé de Haïtiens.

Il s’agit, pour certains de ces membres de l’organisation religieuse basée dans l’État américain de l’Ohio, de leur premier voyage en Haïti.

L’une des personnes kidnappées a envoyé un message désespéré sur un groupe WhatsApp au moment où se produisaient les faits, a indiqué le Washington Post, citant une personne au courant des détails de l’affaire.

«Priez pour nous s’il vous plaît!! Nous sommes retenus en otage, ils ont enlevé notre chauffeur. Priez priez priez. Nous ne savons pas où ils sont en train de nous emmener», disait le message selon le quotidien.

Les autorités américaines se sont pour l’instant bornées à dire que «le bien-être et la sécurité des citoyens américains à l’étranger (étaient) l’une des plus grandes priorités du département d’État».

«Nous sommes au courant de ces informations et n’avons rien à ajouter pour le moment», a simplement répété une porte-parole du département d’État dimanche.

Avant que les enlèvements n’aient été commis samedi, des associations professionnelles et des entreprises de Port-au-Prince avaient déjà appelé à une grève illimitée à compter de lundi pour protester contre le climat d’insécurité grandissante.

Source/TVA Nouvelles
Photo/Archives
www.anmwe.com