PORT-AU-PRINCE – Dominant l’actualité depuis plusieurs mois en Haïti, l’affaire Petrocaribe serait une manœuvre politicienne, selon Laurent Lamothe. Ceux qui l’accusent d’avoir dilapidé une partie de ces fonds ne cherchent qu’à faire leur capital politique à travers le mouvement Petrochallenge. Il dit reconnaître toutefois que l’aspect citoyen de ce mouvement est légitime, même s’il croit que « ces gens qui manifestent dans les rues oublient que la plupart de ces rues ont été construites à l’aide des fonds Petrocaribe ».

A la question « Kote kòb Petrocaribe a ?», l’ancien ministre de la Planification et de la coopération externe répond ceci « il est sur la liste de toutes les résolutions prises qui définissent elles-mêmes les projets et leurs montants », rejetant du coup les informations selon lesquelles le montant des fonds Petrocaribe serait de 3,8 milliards de dollars. Le montant de la dette étant 1 milliard 763 millions de dollars, selon lui.

S’il y a fraude et détournement, il faut questionner tous les acteurs concernés par ce dossier, pas seulement une catégorie, conseille-t-il. Ainsi, il recommande aux institutions compétentes d’enquêter sur ceux qui ont géré les fonds. Le meilleur moyen, selon lui, est de contacter les firmes qui ont été engagées afin d’obtenir un état de leur compte pour évaluer s’il y a des anomalies.

Il en a profité pour démentir formellement des informations révélées dans le rapport sénatorial. Ce rapport fait mention de signature de contrats antidatés, de favoritisme. « En tant que ministre de la Planification, je n’ai accordé aucun contrat sous la base d’une amitié quelconque, d’ailleurs je ne connais aucune de ces firmes », a-t-il précisé.

Laurent Lamothe a contredit les allégations du sénateur Youri Latortue affirmant que son gouvernement a décaissé 900 millions de dollars. « C’est une campagne de désinformation et de diabolisation contre ma personne », a-t-il regretté. Il a fait savoir que son gouvernement n’a décaissé que 668 millions de dollars.

Il a par ailleurs qualifié d’ « ineptie totale », les dires du sénateur Youri Latortue selon lesquels il aurait antidaté 550 millions de dollars de contrats. D’ailleurs, le rapport de la commission présidée par le sénateur Beauplan a enlevé cette information, a-t-il poursuivi. Il croit que le Président de la commission éthique et anticorruption du Senat est en campagne politique contre lui. Youri Latortue est très loin de la vérité estime Laurent Lamothe.

Selon ses propos, Youri Latortue était incontournable pour l’administration d’alors. « Il était omniprésent en tant conseiller du Président ». D’ailleurs, il a été coordonnateur du Plan spécial pour les Gonaïves. Il a présenté lui-même son rapport au programme de « Gouvenman lakay», organisé aux Gonaives révèle l’ancien premier ministre. Aussi, croit-il qu’il est temps de mettre un terme à ce qu’il qualifie d’opportunisme politique.

L’ancien Premier ministre a aussi révélé qu’ «à sa grande surprise les fonds alloués pour la construction de l’aéroport de Jérémie, qui étaient de trois millions de dollars, ont été désaffectés en avril 2015 après son départ». Ils ont été réaffectés à d’autres projets. La cause, selon lui, est l’instabilité politique qui prévaut dans le pays. Chaque gouvernement qui accède au pouvoir a ses priorités politiques. Le même problème se pose pour d’autres projets comme l’aéroport des Cayes, le viaduc de Carrefour.

Concernant la construction des 25 parcs sportifs dont on accuse son gouvernement d’en avoir fait une mauvaise gestion des fonds alloués à ce projet, l’ancien premier ministre rappelle que ces contrats n’ont pas été signés par son gouvernement. Ils ont été signés le 11 mai 2011 par le premier ministre d’alors, Jean Max Bellerive.

Il a aussi rejeté les allégations laissant croire que son gouvernement aurait détourné les fonds alloués au projet de construction de maisons au Fort national et à Bonnefil. Son administration n’a fait qu’annuler ces contrats sous la base des recommandations de la cours supérieure des comptes et du contentieux administratif et du rapport de l’ancien premier ministre Gary Conille préconisant la réaffectation des fonds décaissés et l’annulation de ceux qui n’ont pas été décaissés, a-t-il précisé.

À son avis, si l’on veut vraiment faire la lumière sur la gestion de fonds publics, il doit y avoir un audit authentique et global, pas un audit PetroCaribe. Il en a profité pour rappeler que ses deux ans et demi de gestion des fonds publics ont été audités par la Cours des Comptes et ont reçu un rapport favorable.

CLIQUEZ ICI POUR EN SAVOIR PLUS

Source/Juno7
Photo/Archives
www.anmwe.com