PORT-AU-PRINCE – Dans une correspondance adressée au président de la République le 3 avril 2019, le Conseil électoral provisoire (CEP) dirigé par Léopold Berlanger avait posé des conditions pour la réalisation d’élections dans le pays. Avant de démissionner en bloc le vendredi 24 juillet 2020, les conseillers électoraux ont pu soumettre au chef de l’État le projet de loi électorale. C’est avec un sentiment du devoir accompli que les conseillers électoraux au plus long règne dans l’histoire de nos CEP tirent leur révérence.

« Monsieur le Président de la République, le Conseil électoral provisoire s’empresse de vous remercier de lui avoir offert, dans le cadre de la rencontre du 19 mars (2019) écoulé, l’opportunité d’échanger avec l’exécutif sur l’évolution de la mise en œuvre des étapes préparatoires aux prochaines élections», lit-on dans la correspondance du 3 avril 2019 adressée à Jovenel Moïse.

Le Conseil en a profité pour rappeler les avancées et les efforts déjà engagés par l’institution électorale. En ce sens, il a insisté sur la nécessité pour les pouvoirs concernés de mettre en place les conditions essentielles à l’avancement du processus électoral, notamment :

« La détermination définitive du cadre légal appelé à régir les élections; la mobilisation des moyens financiers, logistiques et sécuritaires nécessaires à la réalisation des opérations électorales; la transmission par l’ONI au CEP dans les délais opérationnels et légaux des données nécessaires à une mise à jour fiable du registre électoral national; l’aménagement d’un environnement politique propice à la tenue d’élections inclusives et compétitives qui favorisent la participation des partis politiques, de la société civile, des citoyens et citoyennes. »

À ce moment-là, Léopold Berlanger avait souligné à l’attention du chef de l’État que le mois d’avril 2019 constituait un seuil critique quant à la possibilité de respecter les dates butoirs constitutionnelles dans le cadre des élections prévues à la fin de cette année. Les crises politiques et les troubles sociaux qui s’ensuivirent avaient tout changé.

Si le président de la République comptait sur ce Conseil électoral provisoire mis en place en 2016 par l’ancien président provisoire Jocelerme Privert pour organiser des élections générales dans le pays l’année prochaine, il ne peut maintenant que se contenter du projet de la loi électorale élaborée par l’équipe emmenée par Léopold Berlanger avant de démissionner.

En effet, dans une correspondance envoyée au directeur du cabinet du président de la République, Nahomme Dorvil, le 24 juillet 2020, le jour même de leur démission en bloc, les membres du CEP en ont profité pour soumettre au chef de l’État le projet de loi électorale. Un document tant souhaité par Jovenel Moïse.

« Le Conseil électoral provisoire (CEP) a reçu en date du 20 avril écoulé une demande de l’exécutif relative à la révision du projet de loi électorale dans la perspective d’un avant-projet de décret électoral. Aussi, le Conseil électoral a l’avantage de vous transmettre le document ci-joint. Suite aux réflexions et aux délibérations institutionnelles, le Conseil s’est penché sur quelques modifications jugées souhaitables qui traitent essentiellement d’une mise en cohérence du document en matière de logistique électorale », lit-on dans la correspondance.

Le président du CEP, Léopold Berlanger, a fait savoir au directeur du cabinet du président de la République, Nahomme Dorvil, que « le travail effectué et proposé à ce stade ne remet point en question les axes fondamentaux du contenu initial du projet de loi électorale. Le Conseil espère que cette contribution aidera à alimenter les échanges nécessaires avec les différents acteurs politiques et de la société civile intéressés par la question électorale », conclut le Conseil électoral provisoire.

Source/Le Nouvelliste
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