PORT-AU-PRINCE – Les membres du Conseil électoral provisoire sont démis de leurs fonctions par arrêté officiel, selon ce qu’annonce, ce 27 septembre, sur son compte Twitter, le bureau du premier ministre de facto Ariel Henry.
« Le Gouvernement de la République a, par arrêté en date de ce lundi 27 septembre, libéré les membres du CEP de leurs liens avec l’Administration publique », indique la primature dans un tweet consulté par AlterPresse.
« Ainsi, il a été décidé de rapporter l’arrêté du 18 septembre 2020 les nommant et fixant le mandat de l’institution électorale », ajoute la même source.
Le Cep renvoyé par le gouvernement de facto d’Ariel Henry a pris fonction le 22 septembre 2020, suite à une cérémonie d’investiture tenue au palais présidentiel. Faisant fi de la constitution, Jovenel Moïse avait unilatéralement nommé son Cep qui n’avait pas pu prêter serment à la Cour de cassation.
En plus des élections, le nouveau Cep de Jovenel Moïse avait pour mission (non prévue par la loi-mère) d’organiser un referendum pour une nouvelle Constitution.
Les conseillères et conseillers électoraux controversés démis de leurs fonctions sont : Louis Arlext Noël, représentant des handicapés ; Nadia Jules Amédée, représentante des secteurs Paysan / Coopérative ; Guylande Mésadieu, représentante des droits humains ; Antonio Détil, représentant de la jeunesse ; Patrick Numas, représentant du secteur syndical ; Esperancia César, représentante de la diaspora ; Josette Macillon, représentante des organisations de femmes ; révérend Guy Roméus, représentant des cultes réformés ; Marie Rosemène Joseph Pierre, représentante du culte vodou.
Un pas franchi dans l’application de l’accord politique du 11 septembre
La mise en place d’un nouveau Cep figure dans l’« Accord politique pour une gouvernance apaisée et efficace de la période intérimaire », signée le 11 septembre par Ariel Henry et des représentants de plusieurs partis et groupements politiques de l’ancienne opposition à Jovenel Moïse.
« Le renvoi de l’actuel Cep est une étape importante dans la mise en application de l’accord du 11 septembre 2021 », estime Me André Michel, porte-parole du Secteur démocratique et populaire (Sdp).
« Nous veillerons à ce que prochain CEP soit crédible et légitime. La Securité demeure aujourd’hui la principale préoccupation de la population. Il faut agir vite et bien », ajoute l’avocat dans un tweet publié dans la soirée.
Le nouvel organe électoral devrait être créé suivant l’esprit de l’article 289 de la constitution et intégrer les secteurs suivants :
• La Conférence Episcopale d’Haïti (CEH)
• Les Collectivités locales
• Les Cultes Réformés
• Le Vodou
• Les Organisations de Droits Humains
• La Conférence des Recteurs d’Université
• Les Organisations Féminines
• Un représentant des Signataires de l’accord
• La Diaspora
Le secteur de la presse, qui est mentionnée dans l’actuelle constitution, a été écartée.
La mise en place d’un autre Cep devrait attendre l’installation d’un nouveau gouvernement constitué en concertation avec les forces politiques et sociales signataires de l’Accord politique, publié la semaine dernière dans le journal officiel Le Moniteur.
Ce gouvernement devrait créer les conditions pour la tenue des élections générales à la fin de l’année 2022 et l’installation des élus légitimes au début de l’année 2023.
Ariel Henry, appuyé par des franges de l’ancienne opposition, n’a pas abandonné le projet de Jovenel Moïse de changer la constitution. Une assemblée constituante devrait être formée, sans que la population ne se prononce sur l’opportunité de changer ou non la constitution massivement votée en 1987.
Loin d’un large consensus nécessaire
Les options que se donne l’actuel gouvernement en concertation avec quelques structures politiques ne font, cependant pas l’unanimité.
La société civile, à travers une Commission de recherche d’une solution haïtienne à la crise, a mis en oeuvre depuis plusieurs mois un processus de dialogue qui a abouti à un autre accord signé précédemment par des partis politiques et de nombreuses organisations citoyennes.
Ces entités, qui travaillent actuellement à la mise en place d’une Commission nationale de transition, optent pour un pouvoir exécutif bicéphale, comme le veut la constitution.
Un véritable accord est nécessaire entre la société et les protagonistes politiques, avec un soutien international, pour tracer une voie opportune vers la sélection démocratique d’un prochain président et parlement, estime l’ancien envoyé spécial américain en Haïti, Daniel Foote, qui a démissionné avec fracas, la semaine écoulée.
Il a souligné que les ambassades des États-Unis et d’autres pays ont publié récemment une autre déclaration publique de soutien au premier ministre de facto non élu, en tant que chef par intérim d’Haïti.
Les Haïtiennes et Haïtiens veulent « tracer leur propre voie, sans marionnettes internationales et sans candidats privilégiés, mais avec un véritable soutien pour cela », poursuit l’émissaire des Etats-Unis, soulignant combien le cycle d’interventions politiques internationales en Haïti a constamment produit des résultats catastrophiques.
Foote a aussi mis l’accent sur la sécurité qui continue de se détériorer, alors que la police semble impuissante à faire face aux gangs qui imposent leurs lois.
Plusieurs cas de kidnapping ont été enregistrés dans le pays, particulièrement dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, au cours de la semaine dernière.
Le choc a été énorme le dimanche 26 septembre, lorsque le diacre Sylner Lafaille a été tué par des bandits armés, tandis que sa femme, Marie Marthe Laurent Lafaille, a été enlevée, lors d’un culte à la première église Baptiste à la rue de la Réunion (Port-au-Prince).
Source/AlterPresse
Photo/AlterPresse
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