PORT-AU-PRINCE – Le juge d’instruction Walter Wesser Voltaire a poursuivi l’enquête sur l’assassinat du président Jovenel Moïse, en auditionnant le pasteur Christian Emmanuel Sanon, 64 ans, écroué depuis plus d’un an, peu après avoir déclaré, par ordonnance, ne pas pouvoir respecter le délai de trois mois qui lui était imparti par l’article 7 de la loi du 26 juillet 1979 sur l’appel pénal.

« Oui, il a entendu mon client, Christian Emmanuel Sanon. L’audition a duré un peu plus de 3 heures », a confié à Le Nouvelliste Me Stanley Gaston. « C’est la première fois aussi qu’Emmanuel Sanon est interrogé par un juge », a souligné Me Stanley Gaston.

Peu après l’arrestation de M. Sanon, le directeur général de la Police nationale d’Haïti de l’époque, Léon Charles, avait fait savoir que ce dernier avait des objectifs politiques.« Il est entré en Haïti à bord d’un avion privé avec des objectifs politiques selon les informations dont nous disposons. Il avait contacté une firme d’investigation afin de recruter les mercenaires que nous avions mentionnés. Il est entré en Haïti début juin (NDRL 2021). Il était accompagné de certains des mercenaires qui, dans un premier temps, devaient assurer sa sécurité comme président et celle de son entreprise. La mission a été modifiée quand on a présenté à l’un des assaillants un mandat d’amener visant le président. L’opération a été planifiée à partir de ce mandat. Christian Emmanuel Sanon était en contact avec une compagnie vénézuélienne spécialisée dans la sécurité, basée aux États-Unis. Il a été contacté par les mercenaires quand la Police nationale d’Haïti (PNH) avait bloqué la progression des mercenaires colombiens qui venaient de perpétrer le crime. Christian Emmanuel Sanon a contacté deux autres personnes en retour. Ces personnes sont reconnues comme des auteurs intellectuels de l’assassinat de Jovenel Moïse », a ajouté le DG de la PNH.

Léon Charles a révélé que la police a trouvé du matériel compromettant dans la résidence de Christian Emmanuel Sanon. « Nous avons trouvé une casquette estampillée DEA, 6 étuis pour fusils et des pistolets, une vingtaine de boîtes de cartouches, 4 plaques d’immatriculation de la République dominicaine, des chargeurs de pistolets non garnis, 24 cibles de tirs non utilisés, 2 véhicules et des correspondances adressées à des secteurs dans le pays », avait détaillé Léon Charles.

M. Christian Emmanuel Sanon a toujours clamé son innocence dans ce dossier.

Plus de 40 suspects ont été arrêtés dans le cadre de l’assassinat du président, dont 18 soldats colombiens et 20 policiers haïtiens. L’instruction du juge d’instruction Voltaire, à côté de Christian Emmanuel Sanon, concerne également James Solages, Joseph Vincent, Joseph Félix Badio, Marie Jude Gilbert Dragon, Reynaldo Corvington, Dominick Cauvin, Jean Laguel Civil, Dimitry Hérard, Jhon Joël Joseph, German Alejandro Rivera Gracia, Jhon Jairo Suarez Alegria, Naiser Franco Castaneda, Victor Albeiro Pineda Cardona, Neil Caceres Durant, Francisco Eladio Uribe Ochoa et consorts, inculpés des chefs d’association de malfaiteurs, de vol à main armée, de terrorisme, d’assassinat, de tentative d’assassinat au préjudice du président Jovenel Moïse.

Trois autres suspects clés sont écroués aux États-Unis. Il s’agit de l’ex-sénateur John Joel Joseph, Mario Palacios Palacios et de Rodolphe Jaar.

Source/Le Nouvelliste
Photo/Archives
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