PORT-AU-PRINCE – Après une crise électorale qui a paralysé la vie politique nationale pendant un an et demi, Jovenel Moïse, un homme d’affaires de 48 ans, a été investi mardi à la tête d’Haïti.

Investi président d’Haïti mardi à Port-au-Prince, Jovenel Moïse promet de restaurer l’ordre et appelle à l’union nationale pour permettre le développement économique de ce pays marqué par l’instabilité politique depuis la fin de la dictature en 1986.

L’homme d’affaires de 48 ans débute sa carrière politique en accédant aux plus hautes fonctions dans le pays le plus pauvre des Caraïbes, après une crise électorale qui a paralysé la vie politique nationale pendant un an et demi. «Je vous félicite parce que vous avez choisi la démocratie à la place de l’anarchie, le chemin de la paix plutôt que la violence, l’ordre et le progrès au lieu du désordre et du brigandage qui fait notre pays reculer», a-t-il déclaré, lors de son premier discours officiel mardi en milieu de journée.

Il demande l’aide de la diaspora
Après avoir remercié ses partisans, pour la majorité issus de la bourgeoisie, il a largement focalisé ses propos sur le relèvement économique du pays. «Je vais travailler pour que les gens de la diaspora qui veulent revenir chez eux puissent le faire sans avoir peur, pour que la diaspora vienne faire des affaires et créer des emplois et participer vraiment au développement», a-t-il poursuivi. Selon les autorités, entre 2 à 3 millions de citoyens haïtiens ou d’origine haïtienne vivent à l’étranger, pour une population dans le pays estimée à 10 millions de personnes.

Plus de 2.000 personnes avaient été invitées à cette passation de pouvoir en plusieurs temps: la prestation de serment au Parlement, suivie d’une cérémonie religieuse et du premier discours du nouveau chef d’Etat dans la cour du palais présidentiel, détruit lors du séisme meurtrier de janvier 2010.

Pour de nombreux parlementaires, cette investiture est une preuve de stabilité. «Le peuple haïtien a parlé: il a choisi de confier les rênes du pouvoir à un homme jeune, un homme dynamique, un homme qui semble avoir des idées pour sortir le pays de la misère et de l’instabilité politique qui freine depuis trop longtemps sa croissance et son développement», a relevé Youri Latortue, président de l’Assemblée nationale.

Une victoire contestée
Jovenel Moïse était arrivé en tête au premier tour du scrutin présidentiel en octobre 2015. Mais en raison de contestations et de fraudes massives, le vote avait été annulé. L’homme d’affaires, qui entend relancer l’économie haïtienne grâce à l’agriculture, a finalement été élu président en novembre 2016.

Avec un an de retard, la première République noire de l’histoire a donc retrouvé l’ordre constitutionnel avec un président élu au suffrage universel direct. Le nouveau président avait annoncé avoir invité les 53 autres candidats à la présidence comme signe de sa volonté d’apaiser le climat politique. Mais sa victoire dès le premier tour reste contestée par ses principaux concurrents.

«Sous mon administration, jamais, plus jamais la justice et les institutions haïtiennes ne pourront être instrumentalisées à des fins de persécutions politiques», a affirmé l’homme d’affaires, en présence notamment de délégations étrangères. Des propos faisant écho aux accusations de blanchiment d’argent à son encontre.

Une enquête sur ses comptes n’a pas été rendue publique
A l’été 2016, l’Unité centrale de renseignements financiers a transmis à la justice le rapport confidentiel de son enquête sur les comptes de Jovenel Moïse, initiée en 2013 à la suite du signalement d’une institution bancaire.

Le juge d’instruction a remis son rapport au commissaire du gouvernement (l’équivalent du procureur en Haïti) mais ce dernier n’avait toujours pas lundi soir rendu publique sa décision (non-lieu, enquête complémentaire ou inculpation). L’inachèvement de cette procédure mine la déjà fragile popularité du chef d’Etat, qui ne bénéficie pas d’immunité pour une action antérieure à son mandat.

S’il a gagné dès le premier tour le 20 novembre avec 55% des suffrages, Jovenel Moïse n’a été élu qu’avec une très faible participation des électeurs (21%).

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Source/Le Parisien
Photo/Archives
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