PORT-AU-PRINCE – Le gouvernement haïtien a confirmé mardi sa volonté d’organiser un référendum constitutionnel fin juin, malgré les critiques de la communauté internationale qui s’inquiète d’un processus pas assez « inclusif, participatif ou transparent », dans un pays miné par l’insécurité des gangs.
« Un référendum est un acte de souveraineté. Il concerne essentiellement les Haïtiens : ce sont eux qui décident s’ils veulent ou non un référendum pour changer la Constitution », a réagi le premier ministre haïtien Claude Joseph.
Faute d’élections organisées ces dernières années, le président haïtien Jovenel Moïse se retrouve aujourd’hui à gouverner par décrets, sans contre-pouvoirs.
Le pouvoir en place a élaboré un calendrier électoral chargé pour l’année 2021 afin de permettre le renouvellement démocratique de l’ensemble du personnel politique.
Mais en plus des élections présidentielles, législatives et locales à l’automne, M. Moïse veut soumettre au vote populaire, le 27 juin, un projet de nouvelle Constitution.
Lundi dernier, le Groupe Core (composé de représentants des Nations unies, de l’Union européenne et de l’Organisation des États américains ainsi que des ambassades d’Allemagne, du Brésil, du Canada, de la France, des États-Unis et de l’Espagne) s’est dit préoccupé par « ce processus n’est pas à ce stade suffisamment inclusif, participatif ou transparent ».
Jeudi, les États-Unis ont renouvelé leur appel à l’organisation d’élections en Haïti tout en affirmant leur opposition à un changement de constitution.
« Nous avons souligné auprès du gouvernement haïtien que le gouvernement américain ne financerait pas la tenue d’un référendum constitutionnel », a assuré le porte-parole du département d’État, Ned Price.
Face à ces critiques, le gouvernement haïtien n’entend pas abandonner son projet tout en se disant ouvert au dialogue.
« Certaines des inquiétudes exprimées de la part de nos amis internationaux sont fondées et légitimes », a reconnu le premier ministre Claude Joseph. « Un référendum doit effectivement être un processus inclusif, c’est pourquoi le président a initié le processus de dialogue », a-t-il assuré mardi, lors de sa première conférence de presse depuis sa nomination à la tête du gouvernement le 14 avril.
Jovenel Moïse, objet d’une forte vague de contestation de la part de l’opposition politique et d’une certaine partie de la population haïtienne, qui exigent son départ, en est à son sixième premier ministre nommé en quatre ans de gouvernance.
Dans ce contexte politique difficile, l’emprise des gangs sur le territoire s’est aggravée ces derniers mois, permettant une recrudescence des enlèvements contre rançon à Port-au-Prince comme en province.
Source/La Presse
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