PORT-AU-PRINCE – Le directeur général de la police nationale d’Haïti a déploré jeudi que «des gens qui ont du pouvoir» contribuent à la recrudescence du trafic illégal d’armes, alimentant les guerres entre gangs qui plongent le pays dans l’insécurité.

«Ce sont malheureusement souvent des gens qui ont du pouvoir, souvent des gens qui ont de l’autorité, qui sont censés aider la police à combattre le trafic des armes: ce sont ces gens-là qui sont impliqués», a déclaré à l’AFP Michel-Ange Gédéon, directeur de la police, en marge d’une cérémonie de destruction d’armes.

Saisies lors d’opérations menées depuis juillet 2017 ou récupérées auprès des unités de police en raison de leur obsolescence, 370 armes ont été détruites à Port-au-Prince.

En 2015, la police faisait état d’environ 250 000 armes illicites en circulation à travers le pays. Une évaluation qui «n’a pas diminué, au contraire. Les chiffres semblent être en nette progression», selon M. Gédéon, qui a refusé de fournir une estimation actualisée.

«Ce ne sont pas les vilains petits canards qui détiennent les armes qui me préoccupent, mais plutôt les grands manitous inconscients qui les font venir et ceux qui les distribuent sur le territoire», a relevé M. Gédéon, dans un discours.

«Je m’adresse à eux pour leur dire que les armes lâchées dans la nature au mépris d’un pays meurtri peuvent être retournées contre n’importe qui, n’importe quand», a-t-il ajouté.

Les affrontements entre gangs sont quasiment quotidiens dans le centre-ville de la capitale haïtienne, obligeant commerçants et habitants à fuir la zone.

Les 13 et 14 novembre 2018, cinq bandes armées se sont affrontées pendant plus de quatorze heures dans le quartier populaire de La Saline. Dans leur rapport d’enquête publié en juin, les Nations unies ont fait état d’au moins 26 morts et douze disparus quand des organisations haïtiennes de défense des droits de l’homme établissent le bilan à 71 morts.

Dans un rapport au Conseil de sécurité daté du 9 juillet, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a déploré la faiblesse des moyens mis à disposition de la police haïtienne.

«La police nationale s’est souvent retrouvée mal équipée et incapable d’intervenir dans les zones où sévissaient les gangs. Le quartier de La Saline à Port-au-Prince et la commune de Cité-Soleil ont sombré de nouveau dans un cycle de violence durable après trois années de paix relative», a-t-il regretté.

Un tel contexte sécuritaire préoccupe d’autant plus la communauté internationale que, le 15 octobre, la mission policière des Nations unies sera remplacée par un bureau politique, mettant fin à plus de quinze ans d’opérations de maintien de la paix en Haïti.

Source/TVA Nouvelles
Photo/Archives
www.anmwe.com