PORT-AU-PRINCE – Sous les feux de la critique face à la multiplication des cas d’enlèvement depuis plusieurs mois, la police a annoncé la mise en service d’un numéro d’urgence, le 122, et des fouilles des véhicules aux vitres teintées, des véhicules immatriculés Service de l’État (SE) et Officiel. « La population pourra appeler la police. Nous collecterons les informations et nous agirons rapidement », a assuré le DG a.i., Léon Charles, soulignant que les informations seront également traitées.

« Nous essayons d’établir les liens avec la population, pour ensemble, au nom du principe de la responsabilité partagée, stopper ce phénomène qui fait souffrir les familles, la société », a-t-il insisté. Il assure qu’avec la population, la PNH va renforcer les mesures pour que la paix, finalement, revienne de façon permanente. « Le haut commandement et tous les policiers sont sur le terrain 24/24 pour faire face à ce problème de sécurité », a assuré Léon Charles qui a annoncé l’intensification des fouilles à travers la zone métropolitaine de Port-au-Prince.

Les véhicules aux vitres teintées, les véhicules immatriculés Service de l’État (SE), les véhicules avec des plaques officiels non actualisées seront fouillés. Il n’y aura pas de traitement de faveur. « La police va fouiller tout le monde dans le cadre des mesures préventives. Nous les prenons pour contrer ce phénomène. Nous sommes dans les rues, nous sollicitons l’appui pour donner plus de résultats », a indiqué Léon Charles.

Plusieurs véhicules immatriculés SE sont utilisés dans des kidnappings.

Par ailleurs, si le DG Charles annonce le renforcement de la présence policière pour dissuader les kidnappeurs, les braqueurs et autres criminels, la PNH traîne un sérieux déficit en termes d’intervention. Les lieux de séquestration de victimes du kidnapping sont souvent connus mais la PNH ne peut toujours pas intervenir avec succès à Grand-Ravine ou à village de Dieu.

Si l’intervention des unités tactiques de la PNH dans le fief du gang des 400 Mawozo a provoqué l’éparpillement de ses membres, ces derniers ont poursuivi leurs activités criminelles. Ce mercredi, ce sont les membres de ce gang qui ont canardé un autobus bondé de passagers qui se rendait en République dominicaine. On dénombre plusieurs blessés, dont deux seraient dans un état grave, a appris le journal.

Le DG de la PNH, Léon Charles, dans ses « mesures » pour lutter contre le kidnapping, a désavoué le comportement de certains négociateurs. « Nous avons également remarqué que beaucoup de personnes s’imposent comme négociateurs sans avoir d’autorisation des parents, sans travailler avec la police. Ces gens doivent savoir que ce comportement est mauvais. La police va les appeler pour connaitre leur motivation. Tout cela entre dans la stratégie que nous utilisons pour freiner la montée des cas d’enlèvements », a expliqué Léon Charles.

Pour le moment, les annonces, les interventions coups de poing peinent à donner des résultats satisfaisants alors que les habitants de la zone métropolitaine de Port-au-Prince vivent avec la boule au ventre et peinent à faire confiance aux autorités qui multiplient annonces, réunions quand M. Jovenel Moïse n’y va de ses faits alternatifs concernant le kidnapping, soulignant que les kidnappings ont considérablement diminué.

Quelques jours après la présentation du rapport du secrétaire général de l’ONU au Conseil de sécurité, évoquant une nette augmentation des enlèvements de l’insécurité, l’insécurité fait rage chaque jour davantage. « Au cours des 12 derniers mois, les enlèvements se sont multipliés de façon inquiétante, leur nombre ayant augmenté de 200 % par rapport à l’année précédente : 234 cas ont été signalés en 2020 (dont les enlèvements de 59 femmes et 37 mineurs), contre 78 en 2019 », avait-il révélé.

Les mesures annoncées par le DG a.i. Léon Charles interviennent trois jours après une réunion spéciale du CSPN dirigés par M. Moïse. D’autres mesures avaient été annoncées pour lutter contre le trafic illégal d’armes et de munitions, contre le kidnapping, à travers la mobilisation de l’ULCC, l’UCREF.

Source/Le Nouvelliste
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