PORT-AU-PRINCE – Les députés haïtiens ont voté mardi soir une augmentation des minima salariaux comprise entre 21% et 87,5% selon les secteurs d’activités, à la surprise des secteurs syndical et patronal qui ont dénoncé une absence totale de concertation.

La proposition de loi, qui doit encore être soumise au Sénat, prévoit notamment que le salaire des ouvriers de la confection passe de 400 gourdes (4,23 euros) à 750 gourdes pour une journée de travail de huit heures.

Ce secteur phare de l’économie haïtienne, qui emploie plus de 52 000 personnes, exporte sa production vers les États-Unis sans droits de douane grâce à une loi américaine votée en 2006.

«Ma réaction, c’est la stupéfaction de voir la rapidité et la légèreté avec laquelle ils (les députés) ont donné des chiffres sans que l’on sache d’où ils sortent», a réagi mercredi matin Georges Sassine, président de l’association des industries d’Haïti.

«C’est une hausse non gérable, car les mesures d’accompagnement social que l’on propose depuis des années ne sont jamais prises: c’est de la démagogie électoraliste», a dénoncé l’homme d’affaires.

Selon la Constitution, des élections législatives doivent être organisées en octobre pour renouveler l’ensemble de la Chambre des députés et un tiers du Sénat.

Après le vote des parlementaires, les syndicats ont également dénoncé l’absence de consultations préalables à ce texte, qu’ils considèrent en plus insuffisant.

«L’inflation est aujourd’hui à 17%. Le prix des produits de première nécessité a augmenté, le prix des transports a augmenté, les loyers ont augmenté, les frais de scolarité ont augmenté», a détaillé Dominique Saint-Eloi, coordonnateur de la centrale nationale des ouvriers haïtiens.

«Il y a eu une grande perte du pouvoir d’achat et cette proposition est insuffisante. Augmenter le salaire ne règle pas tout: il faut des mesures d’accompagnement comme des subventions pour le logement, le transport et les frais de scolarité », a-t-il poursuivi.

Le texte a été approuvé par 77 députés, sans vote contre, et une abstention, et doit encore être examiné par le Sénat. S’il est approuvé par les sénateurs, il devra encore franchir l’étape du président Jovenel Moïse, qui peut le bloquer ou le modifier, le renvoyant donc vers les parlementaires, puis être publié au Journal officiel pour entrer en vigueur.

La précédente augmentation des minima salariaux avait été décidée en octobre 2018 par la présidence, après un rapport du ministère des Affaires sociales. Le salaire des employés de la confection avait alors été augmenté de 20%.

Source/Journal de Montreal
Photo/Archives
www.anwe.com