PORT-AU-PRINCE – Les 12 membres du groupe de 17 missionnaires nord-américains et leurs proches encore captifs du gang qui les avait enlevés mi-octobre en Haïti, ont tous été libérés, a annoncé jeudi à l’AFP le porte-parole de la police nationale.
«Nous confirmons la libération des 12 personnes qui restaient» otages, a indiqué par téléphone Gary Desrosiers, sans pouvoir «donner plus de détails pour le moment».
Cinq membres du groupe, composé de citoyens américains et d’un citoyen canadien, avaient été libérés précédemment par le gang, deux en novembre et trois début décembre.
«Nous rendons gloire à Dieu pour la prière exaucée: les 12 otages restants sont LIBRES!», a réagi Christian Aid Ministries, l’organisation religieuse à laquelle ils appartiennent.
«Merci pour vos prières ferventes au cours des deux derniers mois. Nous espérons fournir plus d’informations dès que nous le pourrons», a également affirmé sur son site internet l’organisation basée dans l’État américain de l’Ohio.
Le 16 octobre, le groupe avait été enlevé après la visite d’un orphelinat, à l’ouest de la capitale Port-au-Prince, au cœur d’une zone sous l’emprise d’un des principaux gangs d’Haïti.
À la suite de leur rapt, Christian Aid Ministries avait indiqué que le groupe comptait 12 adultes, âgés entre 18 et 48 ans, et cinq enfants âgés de 8 mois, 3, 6, 13 et 15 ans.
Les membres du gang «400 mawozo», à l’origine de l’enlèvement, avaient réclamé un million de dollars par personne gardée captive, selon les informations recueillies par l’AFP.
Dans une vidéo publiée fin octobre sur les réseaux sociaux, le chef de cette bande armée avait menacé d’exécuter les otages.
949 enlèvements
Quelques jours plus tard, la police haïtienne avait annoncé «avoir reçu des preuves de vie de tous les otages».
Les circonstances de la libération, jeudi, des 12 ressortissants nord-américains restent encore inconnues.
Longtemps cantonnées aux quartiers les plus pauvres de la capitale, les bandes armées ont virtuellement pris le contrôle d’Haïti depuis près d’un an et mènent leurs activités criminelles en toute impunité.
Depuis plus d’un an, les enlèvements sont devenus une activité criminelle fortement lucrative pour ces bandes.
S’affrontent régulièrement pour contrôler axes routiers et quartiers géographiquement stratégiques, elles n’hésitent pas à enlever ainsi des personnes issues de toutes les couches socio-économiques, réclamant des sommes colossales, même aux familles vivant sous le seuil de pauvreté.
Le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme, organisation basée à Port-au-Prince, a recensé au moins 949 enlèvements depuis le début de l’année, déplorant, dans son rapport annuel, qu’Haïti soit «devenu le pays avec un taux de kidnappings par habitant le plus élevé au monde».
L’organisation indique qu’une cinquantaine d’étrangers figurent, en 2021, parmi les victimes.
Haïti est classé comme pays en zone rouge par les États-Unis qui déconseillent à leurs ressortissants de s’y rendre, notamment en raison des nombreux enlèvements dont «les victimes incluent régulièrement des citoyens américains».
En avril, dix personnes, dont deux religieux français, avaient été séquestrées 20 jours par le gang «400 mawozo» dans la même région.
Face à ces gangs tentaculaires, la police haïtienne, en sous-effectifs et sous-équipée, est à la peine.
Plongé dans une profonde crise politique depuis l’assassinat, le 7 juillet, de son président Jovenel Moïse par un commando armé, le pays est enfermé dans un cercle vicieux, les rançons payées aidant les gangs à prospérer.
Source/AFP
Photo/Archives
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